La jeune femme qui a accusé Claude Bilodeau de l'avoir enveloppée des pieds à la tête dans une pellicule plastique avant de la violer est loin d'avoir tout dit aux enquêteurs qui ont recueilli sa plainte.

La crédibilité de la femme de 28 ans a été mise à mal, jeudi, lors du contre-interrogatoire mené par la défense au premier jour du procès de Claude Bilodeau, au palais de justice de Montréal.

L'avocat de M. Bilodeau, Me Michel Barrette, a produit en preuve, aujourd'hui, des vidéos de surveillance captées dans une boutique érotique et dans un centre commercial qui viennent contredire la version de la jeune femme. Des images que la procureure de la Couronne, Me Amélie Rivard, et l'enquêteur au dossier voyaient vraisemblablement pour la première fois, aujourd'hui.

Claude Bilodeau et la jeune femme, qu'il nous est interdit de nommer, se sont connus sur le site de rencontres Lavalife. Après s'être parlé au téléphone à plusieurs reprises, ils ont convenu de se rencontrer le 29 janvier dernier.

Selon la version de la jeune femme, Bilodeau l'aurait invitée à manger dans un restaurant de l'est de Montréal, puis à terminer la soirée au cinéma. En sortant du restaurant, il lui aurait demandé de passer au motel où il venait de louer une chambre, pour se changer. C'est là qu'il lui aurait bandé les yeux et qu'il l'aurait enveloppée dans une pellicule plastique avant de la violer.

Après l'agression, il lui aurait offert de la ramener chez elle, toujours selon la version de la plaignante. Elle aurait accepté pour sauter du camion en marche une fois sur l'autoroute Métropolitaine, craignant de se faire assassiner, a-t-elle dit. Elle a juré n'être jamais allée au cinéma avec l'accusé.

Or, la défense est persuadée que la jeune femme a menti aux policiers, à la Couronne et au juge Salvatore Mascia, de la Cour du Québec, qui préside le procès. D'abord, après le restaurant, Bilodeau et la jeune femme sont allés dans une boutique érotique, ce dont elle n'aurait jamais parlé aux policiers.

Des extraits de la vidéo captée par la caméra de surveillance de la boutique montrent la jeune femme, tout sourire, examiner des objets sexuels en compagnie de l'accusé. Ils se sont ensuite bel et bien rendus ensemble au cinéma du Carrefour Langelier.

Devant les images qui les montrent tous deux entrer au cinéma vers 21h, la jeune femme a été forcée d'admettre la vérité. Bilodeau en ressort seul 50 minutes plus tard. Une demi-heure s'écoule avant que la jeune femme n'en sorte à son tour.

«Ça ne change rien. Je n'étais pas consentante. Passez-moi le détecteur de mensonges si vous voulez», a lancé la jeune femme d'un ton agacé. «Quand on était au cinéma, il m'avait déjà violée et agressée», a-t-elle poursuivi en expliquant du même souffle qu'elle était confuse à propos de la chronologie des événements en raison du traumatisme vécu. Elle maintient qu'elle s'est jetée du camion en marche, bien qu'elle ne puisse en préciser le moment.

Interrogée par la poursuite, plus tôt dans la journée, elle avait raconté à quel point elle avait eu peur de mourir ce soir-là. «J'ai essayé de perforer la pellicule de plastique avec mes ongles. Je n'y arrivais pas (...) J'ai pensé à ma fille de 5 ans. Je me voyais morte», a-t-elle insisté.

Détenu depuis trois mois, Claude Bilodeau est accusé d'agression sexuelle, de séquestration et de vol simple. L'homme, qui réside dans le Bas-Saint-Laurent, a été condamné deux fois pour des crimes semblables dans les années 90. Son procès se poursuit vendredi au palais de justice de Montréal.