Le caïd Ducarme Joseph et son cousin Lamartine Sévère Paul se réunissaient pour obtenir des contrats d'extorsion dans les bureaux de l'entrepreneur en construction Tony Magi.

C'est ce qu'ont découvert les enquêteurs à la Division du crime organisé du Service de police de la ville de Montréal au cours de leur enquête sur Lamartine Sévère Paul en août 2009.

Lamartine Sévère Paul, surnommé Polo dans le milieu des gangs de rue, a plaidé coupable à cinq accusations de possession illégale d'armes à feu et d'extorsion, hier, au palais de justice de Montréal. Les dessous de cette histoire impliquant des membres de gangs de rue et l'homme d'affaires Tony Magi peuvent ainsi être dévoilés.

«Nos sources nous disaient que Lamartine Sévère Paul faisait du prêt usuraire et de l'extorsion pour le compte de Ducarme Joseph qui, lui, travaillait pour Tony Magi. Joseph était responsable de collecter ceux qui avaient contracté des dettes auprès de Magi», a témoigné le sergent-détective Félix Turgeon, à l'enquête préliminaire de l'accusé.

Au cours d'une opération de surveillance, les policiers ont ensuite observé Lamartine Sévère Paul, 40 ans, et Ducarme Joseph, en pleine rencontre au bureau de l'entreprise Construction FTM, où se trouvait à l'époque quasi chaque jour l'homme d'affaires Tony Magi.

Les enquêteurs ont mené une perquisition dans ce bureau, à Notre-Dame-de-Grâce, mais aucune accusation n'a été portée contre Magi à l'époque. Plus récemment, l'entrepreneur a été accusé de port d'arme à feu dans un dessein dangereux.

Toujours selon l'enquête policière, «Polo» appelait souvent son cousin Ducarme Joseph, au commerce de ce dernier, le Flawnego; où Joseph a été victime d'une tentative de meurtre quelques mois plus tard.

Extorsion aux dépens d'un fleuriste

Lamartine Sévère Paul a reconnu, hier, avoir extorqué de l'argent à l'ancien propriétaire d'un commerce de fleurs, Elsa fleuriste, dans le quartier Émard. Il aurait agi pour le compte du nouveau propriétaire, Antonio Iannacci. Aussi inculpé dans cette affaire, Iannacci, 59 ans, a annoncé son intention de plaider coupable, hier, mais a reporté le tout.

En août 2009, Lamartine Sévère Paul s'est rendu au domicile du fleuriste avec trois autres hommes pour récupérer des documents de comptabilité et lui réclamer 10 000$. Le fleuriste a refusé. L'un des fiers-à-bras lui a alors asséné un coup derrière la tête.

Le lendemain, l'accusé a rappelé sa victime en insistant: «Tu as 30 minutes pour me remettre 10 000$ ou ça va mal finir.» Iannacci a aussi mis de la pression sur la victime en lui disant: «Tu ne sais pas à qui tu as affaire.» La victime a décidé que c'en était assez et elle a porté plainte à la police.

Lorsque les policiers ont débarqué chez «Polo», sur la 100e Avenue à Laval, ils ont trouvé trois armes à feu prohibées chargées. L'accusé sera de retour en cour le 19 mai pour les plaidoiries sur la peine.