En pleine guerre meurtrière entre deux clans de la mafia montréalaise, Nicola Di Marco, considéré par la police comme un «membre influent» de l'un des clans, sortait rarement sans son pistolet 9mm dissimulé dans un sac à bandoulière.

L'été dernier, les enquêteurs de la police de Montréal ont commencé à surveiller les allées et venues de l'homme de 41 ans après avoir reçu l'information selon laquelle il était presque toujours armé pour assurer sa protection, révèle un document judiciaire.

Di Marco est un «membre influent de l'un des clans rivaux de la mafia italienne de Montréal qui se livrent depuis plusieurs mois une guerre ponctuée d'assassinats qui font la manchette», a expliqué le juge de la Cour supérieure Jean-François Buffoni, dans une décision rendue plus tôt dans le processus judiciaire.

Cette décision a été rendue publique, jeudi, alors que Di Marco a été condamné à une peine d'emprisonnement de trois ans, soit la peine minimale prévue dans le Code criminel pour la possession illégale d'une arme à feu chargée. Peine à laquelle le juge a déduit près de cinq mois, l'équivalent de son temps passé en détention préventive. Il s'agit d'une recommandation commune du procureur de la Couronne, Me Thierry Nadon, et de l'avocat de la défense, Me Gary Martin.

Le 28 juillet dernier, les policiers voient Di Marco sortir du café Quo Vadis, rue Bélanger. Un café qui fera d'ailleurs l'objet d'une perquisition visant des trafiquants d‚héroïne et de cocaïne liés à la mafia italienne, dans le cadre de l'opération «Alkali», cinq mois plus tard.

Les policiers continuent de le suivre, alors qu'il embarque dans sa Corvette pour se rendre dans un salon de bronzage. Il porte son sac en bandoulière. Les enquêteurs attendront qu'il sorte du salon pour l'arrêter. À la surprise des policiers, il n'y a aucune arme dans le sac. Ils la trouveront toutefois en fouillant la Corvette, sous la banquette du passager, la crosse à portée de la main du conducteur. L'avocat de Di Marco, Me Martin, a tenté sans succès, plus tôt dans le processus judiciaire, de faire déclarer abusive cette fouille.

Di Marco a d'autres démêlés avec la justice. En novembre 2008, il a été arrêté, puis remis en liberté, dans la seconde vague d'arrestations de l'opération Colisée. Il organisait les parties dans une maison de jeu illégale sur le boulevard Jean-Talon, à Montréal, avec quatre autres accusés. Il était chargé de percevoir l'argent des perdants et de payer les gagnants. Il recevait ses ordres des têtes dirigeantes de la mafia, Francesco Del Balso et Francesco Arcadi. Il doit recevoir sa peine dans ce dossier le 20 juin.