On dit qu'un malheur n'arrive jamais seul. Pour la famille Konaté, le dicton s'est cruellement concrétisé hier lorsque l'immeuble de Cartierville où elle était hébergée a brûlé. La veille, la famille venait d'immigrer au Canada. Elle a quitté la Côte d'Ivoire, un pays africain en proie à un violent conflit civil.

Avant de prendre leur vol mardi, Abou Mamane Konaté, sa femme et leurs enfants âgés de 1 et 3 ans ont parcouru une partie du pays à pied afin de se rendre au Ghana d'où leur avion avait l'autorisation de s'envoler. Après ce long voyage, ils sont arrivés à Montréal, où ils ont été hébergés chez des amis qui vivent rue Grenet dans l'arrondissement de Cartierville. L'édifice de 5 étages et 40 logements qui abrite en grande majorité des nouveaux arrivants a dû être évacué hier après qu'un incendie se fut déclaré dans l'entretoit.

L'incendie a nécessité le déclenchement d'une cinquième alerte, la plus sérieuse du Service de sécurité incendie de la Ville de Montréal. En tout, 125 pompiers ont été mobilisés pour combattre les flammes. Un immeuble voisin, de 40 logements, a aussi dû être évacué pour permettre le travail des pompiers. Les logements du cinquième étage ont été lourdement endommagés par les flammes. Les appartements des niveaux inférieurs seront fort probablement endommagés par l'eau.

Abou Mamane Konaté logeait au cinquième étage. «Tout ce que l'on possède est resté dans l'appartement. Nos documents, nos vêtements et environ 3000$ en argent comptant que l'on avait économisé. Nous sommes sortis sans nos chaussures», a-t-il raconté sur un ton calme.

«C'est une épreuve de plus dans notre vie. Après tout ce que l'on a traversé pour venir ici: voir des gens égorgés dans les rues, traverser des postes de contrôle où les soldats avaient des machettes, manquer de nourriture, c'est bien relatif, a-t-il affirmé pour expliquer son attitude sereine. On espère toutefois que ce sera la dernière.»

Les familles sinistrées seront hébergées dans des hôtels des environs durant trois jours aux frais de la Croix-Rouge. On ne sait pas encore combien d'entre elles pourront regagner leur logement. Selon Richard Laporte, chef aux opérations, il est encore trop tôt pour se prononcer sur la cause de l'incendie. Pour l'instant, le sinistre ne semble pas être d'origine criminelle. Un problème électrique pourrait être à l'origine du brasier.