La police de Montréal vient de démanteler un réseau de trafiquants de stupéfiants majeur, lié à la mafia et aux motards, qui importait des États-Unis des centaines de milliers de comprimés d'ecstasy, pour ensuite écouler la marchandise dans les rues de la métropole.

Quelque 450 policiers du Service de police de la Ville de Montréal, de la GRC, de la Sûreté du Québec et de deux corps municipaux ont pris part à l'opération baptisée Acabar. La frappe a débuté jeudi après-midi pour se terminer vendredi matin. Quinze personnes, douze hommes et trois femmes d'origine dominicaine ont été arrêtées, dont la tête dirigeante de ce réseau international d'importation et d'exportation. Les policiers ont mené une quarantaine de perquisitions dans des commerces, résidences et voitures, la plupart à Montréal. Des saisies ont aussi été effectuées à Longueuil, Laval, Terrebonne, Boisbriand, Saint-Colomban, Saint-Joseph-du-Lac, Sainte-Marthe-sur-le-Lac et Mirabel.

La Section antigang de la Division du crime organisé du SPVM a amorcé son enquête sur ce réseau en septembre 2010. Les policiers ont alors découvert une organisation de haut niveau, responsable du trafic d'importantes quantités de comprimés d'ecstasy. «On échangeait la drogue contre de gros montants d'argent, pouvant atteindre 50-60 000 $ pour une transaction. On a saisi un million de dollars en argent liquide et 300 000 $ en argent américain», a souligné vendredi le commandant de la Division du crime organisé au SPVM, Denis Manville. L'argent transigeait par l'intermédiaire de bureaux de change.

Le réseau, basé à Montréal, transigeait avec des complices installés dans la région de New York. La tête dirigeante était d'ailleurs dans la mire des autorités américaines depuis belle lurette et s'expose aujourd'hui à une extradition vers les États-Unis. Son organisation, qui fournissait en drogue des joueurs majeurs comme la mafia italienne et les motards, opérait depuis une dizaine d'années. Et les affaires allaient rondement. «Des centaines de milliers de pilules entraient des États-Unis chaque semaine. En cours d'enquête, les douaniers américains ont intercepté des mules, qui dissimulaient les comprimés dans les pneus de leurs voitures. C'était très très lucratif», a expliqué le commandant Mainville.

Outre l'argent liquide, les policiers ont aussi mis la main sur 150 000 comprimés d'ecstasy, deux kilos de cocaïne, trois livres de marijuana, une arme à feu, en plus de démanteler deux serres hydroponiques.

Les 15 suspects arrêtés comparaîtront demain sous des accusations de complot et trafic de stupéfiants. Trois d'entre eux étaient recherchés par Immigration Canada, dont un pour un avis de renvoi et un autre pour une entrée illégale au pays.

Le démantèlement de ce réseau découle d'un autre coup de filet policier, menée en novembre 2010. Le projet Alléger avait permis l'arrestation de 10 trafiquants d'origine dominicaine, en plus de mettre les policiers au courant de ce réseau aux ramifications internationales. Pour le commandant Mainville, l'opération Acabar porte un dur coup au milieu interlope montréalais. «La drogue de synthèse est vraiment en prolifération. Elle ne coûte pas cher à produire et s'avère très lucrative», a-t-il résumé.