Le bilan routier s'est légèrement détérioré en 2010 à Montréal, révèlent des chiffres dévoilés cet après-midi par la Ville et le SPVM. Même si le nombre de décès sur les routes montréalaises est resté stable par rapport à 2009, le nombre de blessés graves a quant à lui sensiblement grimpé.

La situation est particulièrement préoccupante chez les piétons: ils ont été 125 en 2010 à être gravement blessés suite à un accident de la route. Il s'agit d'une augmentation de presque 50% par rapport à 2009, alors qu'il y en avait eu 85.

«Clairement, les statistiques sur les blessés graves ne rencontrent pas nos objectifs, a admis l'inspecteur-chef Stéphane Lemieux, lors du dévoilement des chiffres au quartier général du SPVM. Surtout dans le cas des piétons. Il faut continuer nos campagnes de sensibilisation: les gens doivent être conscients du danger de traverser la rue au mauvais endroit, ou en étant distraits.»

Les policiers arrivent mal à expliquer la hausse des blessés graves chez les piétons montréalais. La popularité grandissante des téléphones intelligents pourrait toutefois être en cause. «On n'a qu'à regarder au centre-ville, le nombre de gens qui pitonnent, qui marchent sans regarder où ils vont, explique Stéphane Lemieux. Il est clair que la distraction est dangereuse.»

L'inspecteur-chef rappelle toutefois que les automobilistes ont aussi leur part de responsabilité dans les accidents impliquant les piétons: ils seraient fautifs dans la moitié des cas. Par ailleurs, le nombre d'automobilistes gravement blessés a aussi bondi en 2010, passant de 96 à 119.

Le tableau est moins sombre au chapitre des accidents mortels, qui sont restés stables. Ainsi, il y a eu 59 morts l'année dernière parmi les automobilistes, les piétons et les cyclistes montréalais. Il s'agit d'un décès de plus qu'en 2009. Dans le détail, 37 automobilistes, 18 piétons et 4 cyclistes ont perdu la vie en 2010, contre respectivement 35, 20 et 3 un an plus tôt.

Les chiffres de la dernière année contrastent avec les progrès faits depuis 2006. Cette année-là, le SPVM avait engagé 133 policiers qu'il avait affectés à la sécurité routière. La mesure avait eu un effet immédiat: le nombre de morts sur les routes montréalaises est ainsi passé de 88 en 2006 à 53 deux ans plus tard. Le nombre de blessés graves avait aussi chuté. Depuis, le bilan routier se détériore légèrement à Montréal, même si la situation est aujourd'hui bien meilleure qu'il y a cinq ans.

Les cyclistes s'en tirent mieux

Fait digne de mention, même s'ils ont augmenté chez les automobilistes et les piétons, les accidents graves ont baissé chez les cyclistes en 2010. Ils sont ainsi passés de 40 à 26. Le nombre d'accidents mortels reste quant à lui stable, avec bon an mal an 4 cyclistes tués à Montréal annuellement depuis 2005.

Cette situation est singulière puisque le nombre de cyclistes a grimpé de 40% depuis 2008 seulement. Les cyclistes sont ainsi les utilisateurs de la route dont le nombre croît le plus à Montréal. L'arrivée de Bixi n'a donc pas eu d'incidences sur le nombre d'accidents graves ou mortels, comme plusieurs l'ont laissé entendre lors du lancement du service au printemps 2009.

«Le nombre d'accidents impliquant des cyclistes reste stable même si leur nombre augmente, explique la responsable du transport au comité exécutif, Manon Barbe. C'est donc comme s'il y avait, dans les faits, une diminution des accidents chez les cyclistes.»