B.B. ne «mérite pas de médaille» pour avoir sauvé ses enfants des flammes. Après tout, c'est lui qui a allumé le feu. Mais le père de famille n'a tout de même pas hésité à risquer sa vie pour réparer son erreur, a fait valoir son avocat, Me Pascal Lescarbeau, aujourd'hui, au moment des représentations sur la peine, au palais de justice de Montréal.

L'homme de 32 ans a subi un traumatisme dans son pays d'origine, le Burundi, qui l'a fait sombrer dans l'alcool, selon un rapport d'évaluation psychiatrique déposé en preuve. Il a aussi des problèmes de jalousie. Dans la nuit du 4 avril 2009, il était fortement intoxiqué lorsqu'il est rentré chez-lui, vers 3h30, dans son logement de l'arrondissement LaSalle.

Sa femme, alors enceinte de leur troisième enfant, a eu peur de lui, si bien qu'elle s'est réfugiée chez des voisins. Furieux de la situation, le père de famille a mis le feu dans la chambre où dormaient leurs deux enfants, âgés de 1 et 5 ans.

Le feu a pris dans une pile de vêtements au pied du berceau du plus jeune. Le père de famille est entré une première fois dans la pièce en flammes pour sauver le bébé. Lorsque les policiers sont arrivés sur les lieux, l'enfant de 5 ans était toujours dans la chambre.

L'incendie était tellement violent que les policiers ont tenté de dissuader le père de famille d'y retourner. Ce dernier s'est tout de même jeté dans le brasier pour sauver son second enfant. «On ne lui donnera pas de médaille parce qu'il a sauvé ses enfants du feu. C'est clair. C'est lui qui l'avait allumé, mais il a agi immédiatement, au péril de sa vie», a souligné Me Lescarbeau.

L'avocat de la défense suggère une peine de trois ou quatre mois d'emprisonnement à purger les fins de semaine suivis d'une probation de trois ans. De son côté, la Couronne, représentée par Me Sylvie Lemieux, propose une peine de prison ferme de moins de trois ans.

La défense a souligné plusieurs facteurs atténuants. D'abord accusé de tentatives de meurtre, B.B. (que nous ne pouvons nommer pour protéger l'identité de ses enfants) a reconnu sa culpabilité à une accusation réduite d'avoir intentionnellement allumé un incendie, causant des lésions corporelles à ses deux enfants. Il a suivi une thérapie d'un an dans un centre fermé pour régler son problème d'alcool. Il a un emploi saisonnier de débroussailleur de forêt. Il a perdu la garde de ses enfants, mais il leur rend visite une fois par mois, dans un endroit supervisé.

La première version de l'incident voulait que ce soit les policiers qui aient extirpé les enfants des flammes. Or, après vérifications, la poursuite a confirmé à la juge Isabelle Rheault que c'était bel et bien le père de famille qui était à la fois le bourreau et le sauveur. La magistrate rendra sa décision sur la peine le 27 avril.

Le réfugié politique a le statut de résident permanent. S'il est condamné à une peine de plus deux ans de prison, il sera presque automatiquement expulsé du Canada pour grande criminalité.