Les jeunes fugueurs utilisent de moins en moins les ressources mises à leur disposition. Face à ce constat, les intervenants du milieu tentent une nouvelle offensive pour les rejoindre: Internet.

Un regroupement d'organismes, de centres jeunesse et de corps policiers ont lancé mercredi un site Internet (www.jeunesenfugue.ca ou www.youthrunaway.ca) pour accompagner les mineurs en situation de fugue, leurs parents et les intervenants. Du même souffle, la coalition a lancé une carte-ressources qui recensent les organismes d'aide destinés aux jeunes.

«Au Québec, le nombre de fugues n'a pas baissé, mais la capacité à rejoindre les mineurs en fugue semble s'amenuiser», a dit Caroline Dufour, directrice de l'intervention par intérim de l'organisme Dans la rue.

En 2005, Dans la rue a donc initié le projet Rejoindre les mineurs en fugue: une responsabilité commune en protection de l'enfance, qui se déroule dans trois régions du Québec: Montréal, Québec, et Mauricie/Centre du Québec. Le site Internet et la carte-ressource constituent l'un des volets de ce projet de trois ans, qui prendra fin à la fin du mois.

Le site Internet pourra répondre aux questions des jeunes, selon la coordonnatrice du projet, Anna Di Tirro. «Les jeunes avaient accès à peu d'informations sur la fugue, souligne-t-elle. Nous avons voulu présenter les différentes alternatives possibles et les conséquences qui y sont liées afin de leur permettre de prendre les meilleures décisions pour eux.» 

«Un jeune qui ne fréquente pas les ressources doit se débrouiller par ses propres moyens et peut se mettre en situation de danger», ajoute Mme Di Tirro. À long terme, les fugues répétitives et prolongées peuvent mener à diverses problématiques allant jusqu'à l'itinérance.

Les parents pourront eux aussi trouver réponse à leurs interrogations sur le site Internet, selon Anna Di Tirro. Ils pourront notamment s'informer sur la façon adéquate d'accueillir un jeune qui revient d'une fugue. Enfin, les intervenants pourront en apprendre davantage sur les meilleures pratiques dans le domaine.

Fugues en baisse à Montréal

À Montréal, le nombre de fugues de jeunes qui résident en centre jeunesse est stable depuis trois ans (environ 1200 par année), selon Eric Kiss, sergent aux Enquêtes multidisciplinaires et coordination jeunesse Sud.

Par contre, la police recense 15% moins de fugues qu'il y a trois ans chez les jeunes qui vivent chez leurs parents (environ 1000 par année). «Les jeunes ne veulent plus se retrouver dans la rue, ce qui les différencie des générations précédentes», indique le sergent Kiss. Selon lui, les fugueurs ont vont de plus en plus se cacher chez des amis.