Les frères Robert et Timothy Simpson ont officiellement mis un terme à leur longue carrière criminelle, mercredi, en se reconnaissant coupables de trois meurtres prémédités survenus l'année dernière à Montréal. Les deux hommes, qui ont troqué les contrats de meurtre contre des contrats de délation, ont été condamnés à la prison à vie, sans possibilité de libération avant 25 ans.

Dans ce tandem aussi redoutable qu'efficace, chacun avait sa tâche. Pendant que Robert William Simpson, 49 ans, tirait sur les cibles, son frère, Shawn Timothy, 45 ans, surveillait leurs arrières. Il lui est aussi arrivé de se débarrasser du corps. C'est ce qui se dégage de la singulière audience qui a eu lieu mercredi, sous haute sécurité, au palais de justice de Montréal. Les deux frères, qui ont résidé dans différentes provinces, notamment en Ontario, en Nouvelle-Écosse et au Québec, ont été amenés à tour de rôle devant le juge de la Cour supérieure André Vincent. Ils ont refusé l'assistance d'un avocat. Le juge les a questionnés sur chacun des crimes pour s'assurer qu'ils plaidaient coupable volontairement à ces meurtres prémédités, les accusations les plus graves du Code criminel.

«Oh, oui, c'était planifié et très intentionnel», a dit Robert Simpson d'un ton catégorique.

Ils se sont avoués coupables du meurtre de Kirk Murray et d'Antonio Onesis, tués le 24 janvier 2010 dans le stationnement d'un restaurant McDonald's de Notre-Dame-de-Grâce, et de Mark Stewart, tué le 5 février de la même année à Châteauguay. Il s'agissait de contrats dans les deux cas.

Guet-apens

Le procureur de la Couronne Sabin Ouellet, qui s'occupe des cas de témoins repentis au Québec, a résumé les faits devant le juge, mercredi. Le 24 janvier, Kirk Murray a été attiré dans un guet-apens. Il croyait se rendre à un McDo pour réaliser une transaction de drogue. Vers 17 h, les frères Simpson sont arrivés à pied dans le stationnement du restaurant, rue Saint-Jacques. Robert Simpson s'est approché de la voiture de Murray tandis que son frère assurait la protection de loin. Murray est sorti de sa voiture pour ouvrir la portière arrière et y laisser entrer Simpson. Ce dernier lui a tiré dessus, puis il a tiré sur Onesis, assis au volant, pour éliminer un témoin gênant. La voiture a dévalé une petite pente. Quatorze douilles ont été trouvées sur place.

Mercredi, Robert Simpson a tenu à rectifier le récit de Me Ouellet, pour y apporter des précisions. C'est avec un froid détachement qu'il a raconté ceci: «Pour les meurtres du McDonald's, j'ai tiré un coup dans la colonne vertébrale (de Murray), un autre dans le coeur. Il est tombé, je l'ai tiré en arrière de la tête. Je me suis tourné à droite, j'ai tiré le chauffeur, cinq fois à la poitrine, et une fois dans la tête. En marchant pour m'en aller, j'ai tiré cinq coups dans la tête de Murray, qui agonisait à terre, pour m'assurer que la job était faite.»

Autre meurtre

Au mois de février suivant, les frères Simpson ont attiré Mark Stewart, un résidant de Longueuil, dans un traquenard. Stewart pensait rencontrer Robert Simpson pour conclure une affaire de drogue. Sans se méfier, il est monté dans la voiture. Ils ont roulé vers Châteauguay. Robert a tiré dans la tête de son passager, et c'est Timothy, qui suivait dans une autre voiture, qui s'est débarrassé du corps. Un agent de la faune a trouvé le cadavre de Stewart au mois de mai dans un bois à Saint-Honoré, dans le Témiscouata. La victime, qui recevait régulièrement des traitements à l'Hôpital général juif à l'époque, avait toujours un cathéter dans un bras.

Ces trois crimes ont été commandés, et il y aurait plusieurs personnes impliquées, selon Me Ouellet. Mais le procureur n'a pas voulu s'étendre sur le sujet, mercredi, parce que les frères Simpson seront appelés à témoigner et que des enquêtes sont encore en cours. Un troisième homme, Jeffrey Albert Lynds, anciennement membre des Hells Angels de Halifax, est aussi accusé des meurtres au McDonald's. C'est lui qui a été arrêté en premier, le 31 mai dernier. Il n'a pas encore eu son procès. Les frères Simpson ont été arrêtés à quelques jours d'intervalle, en juin.

Contrats de délation

Les frères Simpson ont signé des contrats de délation en novembre dernier, après avoir dévoilé tous leurs crimes lors de longues déclarations. Ils bénéficient de l'immunité pour ces crimes avoués, mais le ministère public peut les accuser s'il détient une preuve autre que leurs aveux. On peut donc déduire que cette preuve parallèle existait pour ces trois meurtres.

En ce qui concerne les contrats de témoins repentis des frères Simpson, ce n'est pas le Pérou, comparé à ce qu'on a déjà vu. Ils obtiennent chacun 1000$ pour garnir leur cellule, 3500$ pour des cours postsecondaires par correspondance et 50$ par mois pour la durée de leur détention. La sécurité de leurs proches est aussi assurée.