Le siège social du géant des médias Quebecor à Montréal, a dû être évacué, jeudi après-midi, après qu'une bombe fumigène ait été allumée à l'intérieur de l'édifice par des étudiants du Cégep du Vieux-Montréal.

Selon l'entreprise, environ 1000 employés ont été forcés de quitter leurs bureaux.

Quebecor a par ailleurs dénoncé dans un communiqué de presse «l'inaction» des forces policières puisque malgré leur présence sur place, elles «se sont abstenues d'intervenir afin de protéger les lieux et les personnes qui s'y trouvaient».

Les citoyens de Montréal sont en droit de s'attendre à ce que leurs forces policières les protègent adéquatement contre les agissements criminels qui mettent en danger leur vie et leur sécurité, a indiqué un communiqué transmis jeudi en début de soirée.

Le géant médiatique soutient qu'une cinquantaine d'individus ont envahi le hall de l'édifice, saccagé une exposition de photographies, détruit du mobilier et fait exploser des bombes fumigènes.

Une information que dément le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Le porte-parole Daniel Lacoursière a soutenu en entrevue avec La Presse Canadienne, que l'incident n'avait pas causé de dommages à l'intérieur du bâtiment.

Par ailleurs, il a affirmé que les policiers n'avaient pas reçu l'ordre de bloquer l'accès à cet édifice publique et que de toute façon, les manifestants étaient entrés et ressortis très rapidement.

«Ils n'ont été là que deux minutes», a-t-il répété, laissant entendre qu'une intervention n'aurait pas été possible.

L'agent Lacoursière a également expliqué qu'il aurait fallu, pour évincer les visiteurs indésirables, obtenir une autorisation écrite des responsables du bâtiment.

Selon lui, les étudiants s'étaient d'abord rendus à la Tour de la Bourse pour manifester leur mécontentement. Les portes de l'établissement étant barrées, ils se sont tournés vers l'édifice de Quebecor, situé de l'autre côté de la rue.

Parmi les personnes qui ont dû quitter précipitamment l'édifice se trouvaient des journalistes de Sun Media -une filiale de Quebecor- qui étaient de passage dans la métropole pour des réunions.

Le service de protection contre les incendies a confirmé qu'une bombe fumigène avait explosé à l'intérieur. Personne n'a été blessé et aucun dommage n'a été signalé. Les occupants de l'édifice ont pu réintégrer les locaux quelques minutes plus tard.

Selon les policiers, des étudiants protestant contre une hausse des frais de scolarité sont entrés dans l'édifice pour en ressortir d'une manière empressée.

Un communiqué portant la signature de l'Association générale des étudiants du cégep du Vieux-Montréal a revendiqué la responsabilité de l'incident, disant avoir ciblé l'entreprise pour manifester sa grogne contre les pratiques de son propriétaire, Pierre-Karl Péladeau.

Le communiqué s'en prend notamment à «l'idéologie libertarienne mise de l'avant dans les divers médias de l'entreprise, ainsi que son attitude antisyndicale». Les auteurs revendiquent ce qu'ils appellent «un refus global» -soit un «refus des hausses des frais de scolarité, de l'économie du savoir, du budget Bachand, de la convergence médiatique».

Quebecor a également critiqué la façon de faire des étudiants. «Les gestes posés par les activistes sont inacceptables dans une société de droit démocratique où l'expression des divers points de vue doit se faire sans violence», écrit l'entreprise.

«En s'attaquant à l'un des fleurons de l'entreprenariat québécois à l'origine de la création de plus d'un millier d'emplois au Québec en 2010 et en faisant des victimes du millier d'employés sur place, les manifestants ont eu un comportement qui doit être condamné publiquement», a conclu Quebecor.