«C'est une entreprise familiale. Il y a des gars dans le camion que je considère comme mes propres fils. Même que deux de mes cousins étaient à bord.»

Hier midi, la présidente de l'entreprise Pigeon 2006, Chantal Morin, attendait impatiemment des nouvelles de ses employés. En matinée, huit d'entre eux ont été victimes d'un grave accident de la route à Sainte-Geneviève-de-Berthier, dans Lanaudière, où leur camionnette a percuté de plein fouet un autobus d'écoliers.

«Je ne sais pas encore ce qu'il s'est passé. J'ai le cerveau à zéro, a dit Mme Morin lors d'un entretien téléphonique avec La Presse

À peine deux heures plus tard, Chantal Morin a reçu une bien triste nouvelle: l'un de ses cousins, Steeve Larochelle, 32 ans, a succombé à ses blessures en début d'après-midi à l'hôpital du Sacré-Coeur, portant le bilan des victimes à quatre. Quatre autres employés ont été grièvement blessés.

Ce tragique accident a bouleversé le personnel de Pigeon 2006, une entreprise de Saint-Côme spécialisée dans le transport de volailles. Hier matin, quatre employés attendaient des nouvelles de leurs collègues aux urgences du centre hospitalier de Lanaudière, près de Joliette. «C'est l'enfer», a résumé l'un d'eux, en faisant des allers-retours dans le couloir.

Un peu plus loin, le fils du chauffeur d'autobus attendait son père, qui fournissait sa déclaration aux enquêteurs de la Sûreté du Québec. «Il a subi quelques examens, a dit la belle-fille du chauffeur, Chantal Pagé. Mis à part le choc qu'il a subi, il va bien.»

Elle a précisé que son beau-père, qui conduit des autobus depuis plusieurs années, n'avait jamais eu d'accident auparavant.

Rencontré chez lui en après-midi à Berthierville, le chauffeur de l'autobus d'écoliers n'a pas voulu revenir sur le drame. Visiblement secoué, il a dit bien se porter dans les circonstances et était soulagé que les élèves s'en soient sortis à bon compte. «Je ne veux pas en parler davantage, j'ai eu assez de le vivre», a-t-il souligné.

L'histoire sur toutes les lèvres

Le drame a provoqué une onde de choc à Saint-Côme, où habitaient trois des quatre victimes, Steeve Larochelle, Pierre-Luc Martel et Sébastien Cormier. M. Cormier, 30 ans, avait trois jeunes enfants, selon les villageois rencontrés hier.

Au bar Pelletier, dans la rue Principale, l'histoire était sur toutes les lèvres. Le propriétaire, André Riopel, connaissait bien Steeve Larochelle, un client régulier. Il le voyait presque tous les week-ends.

«Le grand Steeve est né ici et tout le monde le connaît au village, a-t-il dit, pendant que deux clients accoudés au bar approuvaient. Je le considérais comme un grand chum. C'était un bon travailleur, un bon vivant.» Steeve Larochelle vivait chez ses parents, à Saint-Côme.

«C'est une immense tragédie», a dit Jesse-James Turner, assistant-gérant du restaurant Pelletier. L'une des cuisinières de son restaurant, Linda Boyle, est la mère de l'un des blessés, Dave Morin. Elle était au chevet de son fils, hier, au centre hospitalier de Lanaudière.

Le frère de Dave Morin, Dany, a appris le drame d'une façon brutale. En matinée, il est arrivé sur les lieux de l'accident tout à fait par hasard à bord de son poids lourd chargé de bois.

«J'ai tout de suite reconnu le camion, a-t-il dit. La police m'a dit d'attendre ou d'appeler l'hôpital. J'ai un frère et un cousin là-dedans!» répétait l'homme, rongé par l'angoisse.

Les élus de Saint-Côme prévoyaient parler de l'accident lors d'une réunion hier soir. La directrice générale de Saint-Côme, Alice Riopel, songeait à organiser quelque chose à la mémoire des victimes et à offrir de l'aide à leurs proches.

«Tout le monde se connaît à Saint-Côme, tout le monde se parle, a-t-elle dit, rappelant que le village compte seulement 2300 résidants. C'est un choc pour tous.»

Avec la collaboration de Hugo Meunier