Au motif qu'il s'agissait d'un «témoin-surprise», Me Luc Vaillancourt s'est opposé, hier, au témoignage d'une femme sortie de l'ombre, qui affirme avoir été fraudée elle aussi par son client, Steeve Boulanger, en 2005.

Boulanger, qui s'est successivement fait passer pour un militaire, un médecin, un avocat ou un homme d'affaires afin de berner ses victimes, devra donc attendre encore un peu avant de connaître sa peine. L'homme de 42 ans a plaidé coupable à des accusations de fraudes commises en 2005 et en 2007 contre différentes personnes, ainsi qu'à celle d'avoir fait entreprendre une enquête à la GRC sous de faux motifs de menaces terroristes, en 2009. Il a commis cette dernière arnaque alors qu'il était en prison, où il côtoyait le terroriste Saïd Namouh.

Étant donné la lourdeur du cas de Boulanger - l'arnaque est son moyen de subsistance quand il n'est pas en prison -, le procureur de la Couronne demande le maximum prévu par le Code criminel pour la fraude, soit 14 ans de prison. Mais voilà, depuis la médiatisation de cette affaire, il y a un peu plus d'une semaine, une femme dit avoir reconnu en Boulanger le fraudeur qu'elle a tenté de faire arrêter en 2005. «Les policiers ne m'ont pas crue. Ils ont ri de moi. Ils m'ont dit que je n'avais qu'à ne pas lui donner d'argent», soutient-elle. Elle a fait une déclaration à la police hier, juste avant le début des plaidoiries sur la peine. Le procureur de la Couronne Mario Longpré a expliqué à la juge Louise Villemure qu'il n'entendait pas porter de nouvelles accusations, mais qu'il désirait faire entendre ce nouveau témoin pour illustrer la personnalité de l'accusé et pour démontrer qu'il ne s'agissait pas d'incidents isolés. Me Vaillancourt s'y est opposé, d'autant plus que, après avoir pris connaissance de la déclaration de madame, son client avait des réserves sur certains points. Les parties se reverront le 1er mars pour la suite du processus.

La nouvelle victime présumée dit avoir connu l'accusé à l'été 2005 dans une ligne de rencontres. L'homme s'est présenté sous le nom de Yan Dugal, militaire de carrière. Bien mis, il se promenait en Mercedes. Ils se sont fréquentés pendant deux mois. Vers la fin, la femme affirme qu'il lui a extorqué 3500$ en trois jours pour prétendument donner un dépôt afin d'acheter un restaurant qu'ils devaient exploiter ensemble. Ce n'était que du vent, et le faux militaire a disparu avec l'argent, selon madame.