Jean-François Harrisson s'est de nouveau lancé dans des élucubrations, vendredi, alors qu'il était de retour devant la Cour du Québec. «En tant que représentant autorisé de Jean-François Harrisson, j'exige l'instrument original d'accusation qui légitimise ma détention contre ma volonté», a-t-il lancé.

Accusé de possession et de distribution de pornographie infantile, le comédien de 36 ans a été arrêté le 27 janvier dernier parce qu'il avait omis de se présenter à la Cour pour la suite du processus judiciaire dont il est l'objet. Au terme de l'enquête sur son cautionnement, cette semaine, la juge Isabelle Rheault a décidé qu'il resterait détenu. Harrisson, qui n'a plus d'avocat depuis l'automne, se représente seul - et, il faut bien le dire, fort mal. Vendredi, il était de retour devant la juge pour faire savoir, après réflexion, s'il désirait finalement se faire représenter par avocat. Il est arrivé avec cette réponse, qu'il a faite d'un ton péremptoire: «Avec tout le respect que je vous dois, j'accepte d'être représenté par avocat à trois conditions.»

«Ça ne marche pas comme ça», a rétorqué la juge.

Harrisson a aussi exigé la preuve que son affaire «n'est pas réglée». La semaine dernière, il a envoyé une liasse de documents au juge en chef de la Cour du Québec, apparemment pour expliquer sa position. «Ce n'est pas parce que vous avez envoyé des documents qui reflètent votre pensée que ça règle votre dossier», a expliqué la juge.

La procureure de la Couronne Anne Gauvin a renchéri en disant qu'il n'y avait rien de réglé. Elle a ensuite proposé des dates pour les procès de l'accusé. Le procès pour omission de comparaître aura lieu le 4 avril. Celui pour possession simple de stupéfiants se tiendra le lendemain. La conférence préparatoire des procès pour pornographie infantile aura lieu le 21 avril, tandis que les procès comme tels se tiendront au début et à la fin du mois de juin. C'est donc dire que Harrisson passera plusieurs mois en détention préventive.

Encre bleue

Plusieurs fois pendant l'audience, qui a duré environ 10 minutes, M. Harrisson a demandé le fameux document original avec «encre bleue», qui valide sa détention. Il s'est fait remettre son dossier et d'autres documents, mais il n'a manifestement pas trouvé ce qu'il cherchait.

«Je demande une ordonnance de libération immédiate étant donné que vous n'avez pas l'autorité de me garder», a-t-il dit, avant que les agents des Services correctionnels le ramènent vers les quartiers de détention.

Questionnée par les journalistes à la sortie de la salle d'audience, Me Gauvin a reconnu qu'il est plus difficile de gérer un dossier quand l'accusé se représente seul. Manifestement, Harrisson ne connaît pas les règles d'une cour de justice et semble plus désireux d'imposer les siennes que de les apprendre.

Clermont Jolicoeur, comédien et ami de M. Harrisson, était lui aussi de retour, vendredi. La semaine dernière, il s'était fait expulser de la salle d'audience parce qu'il s'était levé et avait voulu donner 1000$ à Harrisson pour assurer sa défense. Vendredi, il s'est fait expulser du palais parce qu'il a voulu s'approcher de Me Gauvin pour lui parler. Rappelons que Harrisson a été accusé en mars 2009 de possession et de distribution de pornographie infantile. Me Gauvin a signalé qu'elle aurait besoin d'interprètes anglais et allemands pour les procès.