Parce que Jean-François Harrisson a omis de se présenter deux fois devant la justice au cours des derniers mois, la juge Isabelle Rheault a refusé de lui accorder la liberté sous cautionnement, hier.

L'ex-vedette de VRAK.TV est accusée de possession et de distribution de pornographie infantile. Depuis la semaine dernière, l'homme de 36 ans est aussi accusé de non-respect de conditions pour ne pas s'être présenté devant le tribunal. Emprisonné depuis jeudi, il est arrivé dans le box des accusés, hier matin, avec des documents en main. Quand la juge lui a demandé s'il était représenté par avocat, Harrisson a répondu qu'il était «l'avocat de fait» de Jean-François Harrisson. «Je représente la personne morale,» a-t-il dit. Un peu plus tard, la juge lui a demandé s'il niait être Jean-François Harrisson. Il a répondu qu'il savait parfaitement qu'il était Jean-François Harrisson. «Je ne suis pas fou, contrairement à ce que dit Me Gauvin (procureure de la Couronne).»

Selon les explications un peu déroutantes que Harrisson a fournies hier, il considère qu'il a soumis une entente à la Couronne dans son dossier criminel. Selon son interprétation, si la Couronne ne répondait pas à cette entente, cela signifiait qu'il n'avait pas à se présenter en cour. «L'absence de réponse affirmait mon absence à la cour», a dit Harrisson.

Me Anne Gauvin a indiqué à la juge que Harrisson avait effectivement fait parvenir des documents au juge en chef de la Cour du Québec ainsi qu'à elle-même, jeudi dernier, jour où il devait se présenter devant la Cour du Québec pour la suite du processus judiciaire. Mais elle n'a manifestement pas pris cela comme une entente. «On est en matière criminelle», a-t-elle signalé à la juge Rheault.

Harrisson a par ailleurs fait valoir qu'il n'avait pas fui la justice la semaine dernière. «Le jour où j'ai été arrêté, j'étais avec les policiers dans mon salon. J'attendais le document», a-t-il dit. Il a par ailleurs demandé à la juge d'excuser sa nervosité et son inexpérience en matière de procédure. Il a promis qu'il serait dorénavant présent pour la suite du processus, à condition que ses droits «soient respectés».

Malgré les explications et la promesse de Harrisson, Me Gauvin s'est opposée à sa mise en liberté. L'accusé a déjà fourni une caution de 2500$ et cela ne l'a pas empêché de ne pas se présenter à la cour. «Qu'est-ce que ce sera, la prochaine fois?» a-t-elle demandé. La juge Rheault a tranché rapidement: Harrisson resterait détenu. «Voulez-vous être représenté par avocat?» a ensuite demandé la juge. Harrisson a fait valoir que, pour réfléchir à la question, il devait être en liberté. La juge est restée inflexible, et Harrisson a réalisé qu'il serait bien obligé de réfléchir en prison. Du coup, il a demandé que la date de sa prochaine comparution soit rapprochée. «Je n'aurai pas besoin de sept jours pour réfléchir.» Il retournera donc devant le tribunal vendredi, pour faire connaître sa position.

Rappelons que c'était la deuxième fois depuis que les accusations ont été portées contre lui, en mars 2009, qu'il n'était pas présent à la cour. La première fois, en novembre, Harrisson avait soutenu qu'il croyait ne pas avoir à être là. Son excuse avait finalement été acceptée. La semaine dernière, après avoir pris connaissance des documents envoyés par l'accusé, le juge Gilles Cadieux a semblé douter de son état mental. «A-t-il été évalué?» avait-il demandé. Hier, Me Gauvin a trouvé que Harrisson semblait sain d'esprit. Pour décider de mettre un accusé en liberté, le juge examine trois critères: les probabilités pour que l'accusé se représente devant le tribunal au moment voulu; le danger de récidive; et le fait que la mise en liberté ne doit pas compromettre la confiance du public dans l'administration de la justice.

Dans le cas de Harrisson, la juge s'est appuyée sur le premier motif.