Les détenus n'auront pas d'autre choix que d'écraser: la Cour suprême du Canada refuse d'entendre un groupe de criminels québécois qui contestait l'interdiction de fumer dans les cours extérieures des pénitenciers fédéraux.

Parmi eux, on retrouve des criminels notoires qui ont défrayé l'actualité comme le caïd du Gang de l'Ouest, Gérald Matticks, et le motard Benoît Guimond, condamné pour meurtre d'un adolescent à l'extérieur d'un bar.

Les détenus québécois affirmaient que l'interdiction totale de fumer en vigueur depuis 2008 constituait un traitement cruel et inusité et qu'elle contrevenait à la Charte canadienne des droits et libertés.

Ils plaidaient de plus que le Service correctionnel du Canada n'avait pas le pouvoir administratif d'adopter une telle directive, qui est d'ailleurs discriminatoire selon eux parce que les gardiens de prison ont conservé leur droit de fumer dans une zone qui leur est réservée.

Les Services correctionnels ont défendu leur directive qui vise à s'attaquer au problème de la fumée secondaire en milieu carcéral, dans un but de protection de la santé publique.

Les prisonniers n'avaient déjà plus le droit de fumer à l'intérieur des pénitenciers depuis 2006 mais le Service correctionnel du Canada a imposé en 2008 une directive plus large pour interdire la cigarette dans les cours extérieures. Pour le groupe de détenus, c'est là que le vase a débordé et ils ont intenté un recours pour faire annuler la directive.

Déboutés par la Cour fédérale d'appel, les 19 détenus ont porté leur cause devant le plus haut tribunal du pays qui a fait connaître jeudi son refus d'entendre leur appel.

Leur démarche avait cependant été couronnée de succès devant le juge de première instance: il avait déterminé que l'interdiction totale allait trop loin. Pour lui, les mesures nécessaires à la protection des non-fumeurs exposés à la fumée secondaire dans les pénitenciers doivent être le moins restrictives possible. Et il a jugé que le fait de fumer dans les cours extérieures ne faisait aucun tort à autrui.

Près de 75 pour cent des détenus sont des fumeurs, selon la preuve retenue par le juge.

La Cour fédérale d'appel avait ensuite renversé cette décision en juin 2010, mais a refusé de se pencher sur les arguments fondés sur la Charte soulevés par les 19 Québécois.

Puisque la question de la violation de la Charte canadienne n'a pas été tranchée, l'avocat des prisonniers, Julius Grey, considère que la cause n'est pas forcément terminée. Il croit pouvoir la ramener devant les tribunaux s'il reçoit un mandat à cet effet de ses clients.

Au Québec, il est permis de fumer dans les aires extérieures des prisons de juridiction provinciale.