La vague d'attentats contre des cafés et des commerces italiens du nord-est de Montréal découle d'une guerre entre clans de la mafia italienne pour le contrôle du trafic de stupéfiants.

C'est du moins ce qu'a affirmé le commandant Mario Lamothe, mardi, en dressant le bilan d'Impact, un projet mis sur pied au mois d'octobre pour enquêter sur la vague d'incendies criminels.

«Au début, on disait que toutes les théories étaient sur la table, mais ça se précise beaucoup. On peut dire que ce qui se passe est dans le milieu du crime organisé italien», a déclaré le commandant Lamothe, chef de la division des crimes économiques et contre la propriété du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Mario Lamothe croit que ces incendies criminels ne sont pas étrangers à la série d'événements violents qui secouent le clan sicilien depuis plus d'un an, qui a culminé le 11 novembre avec l'assassinat du parrain Nicolo Rizzuto.

«Ce sont les mêmes organisations qui se chicanent, j'en suis convaincu», a-t-il déclaré. Il précise que les commerces incendiés sont liés à plus d'un clan italien.

Depuis le mois d'août, 19 cafés, bars et commerces italiens ont été la cible d'incendies criminels. Le dernier en date, dans la nuit de lundi à mardi, est le café La Toca, boulevard Henri-Bourassa, dans le nord de Montréal. Le commerce a subi peu de dommages.

Trafic de stupéfiants

La plupart des établissements visés auraient servi de point de chute pour la vente de stupéfiants, selon le commandant Mario Lamothe. D'ailleurs, a-t-il précisé, plusieurs propriétaires n'ont pas voulu collaborer à l'enquête policière.

Le projet Impact a tout de même porté ses fruits. Entre le 11 et le 24 novembre, 19 personnes ont été arrêtées pour des infractions liées au trafic et à la possession de stupéfiants. Parmi elles, on compterait des employés et des «clients» des commerces incendiés.

Une série de perquisitions réalisées dans les quartiers Saint-Michel et Montréal-Nord ont permis de saisir cocaïne, marijuana, haschisch, comprimés de drogue et cigarettes de contrebande.

Mario Lamothe a rappelé que quatre présumés incendiaires ont été arrêtés à ce jour. Dave St-Michel, 28 ans, a été appréhendé le 24 novembre relativement à l'incendie survenu deux jours plus tôt au café Danesi, dans Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles. Au début du mois, deux hommes et une femme ont été arrêtés alors qu'ils s'apprêtaient à mettre le feu à un restaurant-traiteur du boulevard Langelier.

D'autres arrestations pourraient suivre. «Beaucoup de preuves sont en attente au laboratoire scientifique, a-t-il dit. On fonde beaucoup d'espoirs sur ces preuves-là. On parle d'ADN, d'empreintes, etc.»

Dans certains dossiers, les présumés incendiaires seraient liés aux gangs de rue, a indiqué Mario Lamothe. «Par contre, a-t-il précisé, ils ne faisaient pas affaire ensemble pour la vente de stupéfiants. Ils pouvaient mettre le feu afin d'effacer une dette de drogue, par exemple.»

Les récents attentats contre quatre pizzerias de Montréal-Nord ne seraient pas liés à la mafia italienne, selon le commandant Lamothe.