Malgré de louables efforts, la couronne de Noël qui orne l'entrée du pénitencier Archambault n'arrive à égayer ni les lieux, ni ce dernier jour glacial de novembre. C'est là, dans cet établissement carcéral classé «super maximum», tout au bout d'un champ à Sainte-Anne-des-Plaines, que le tueur d'enfants le plus impitoyable du Canada, Clifford Olson, s'est de nouveau fait refuser la liberté conditionnelle, mardi matin.



Après avoir délibéré pendant quelques minutes, la Commission nationale des libérations conditionnelles a décrété qu'Olson, malgré ses presque 30 ans d'incarcération, n'avait pas changé et qu'il constituait toujours un risque pour la société.

«C'est la dernière fois. Plus jamais. Merci, je suis parti», a lâché Olson en se levant de son siège, dans le réduit grillagé où il était confiné pour assister à l'audience. Pas très grand (5 pi 7 po), vêtu d'un ample t-shirt blanc, celui qui a tué 11 enfants au début des années 80 a regardé sa montre en attendant qu'on lui ouvre la porte.

L'homme a vieilli, mais a peu changé physiquement. Un peu plus tôt, dans un discours un peu décousu, il avait déclaré qu'il n'était «pas stupide» et qu'il ne s'attendait pas à être libéré. Selon lui, personne ne peut prédire les risques de récidive; seule la personne concernée sait ce genre de chose.

Depuis son arrestation, en août 1981, et sa condamnation, en janvier 1982, Olson n'a participé à aucun programme de réhabilitation. Aux yeux de son agente de libération conditionnelle, il n'a fait aucun progrès. En 2006, après 25 ans d'emprisonnement qui le rendaient admissible automatiquement à la liberté conditionnelle totale, toute forme de libération lui a été refusée.

Mardi, quand le commissaire Denis Couillard lui a demandé quels progrès il avait faits depuis, Olson a répondu: «Je me suis tenu loin du trouble et j'ai fait des cours d'université en psychologie et en criminologie.» Le commissaire a signalé que ce n'est pas très difficile de rester «loin du trouble» quand on est enfermé en cellule toute la journée. «Je ne suis pas enfermé toute la journée», a rétorqué Olson.

Un peu plus tard, l'homme a lu un document dans lequel il s'engageait à ne plus demander de libération conditionnelle à l'avenir.

Olson avait le droit d'être assisté par quelqu'un pour cette audience. Friand d'attention, il a confié ce rôle à un journaliste du Toronto Sun, Peter Worthington. Ce dernier a indiqué qu'il connaissait Olson depuis une vingtaine d'années. Ils ont collaboré pour un livre qui n'a jamais été publié.

Un parcours terrifiant

En juillet 1981, Clifford Olson est allé passer 10 jours de vacances en Californie avec sa femme, qu'il avait épousée deux mois plus tôt, et leur fils nouveau-né. Le reste du mois, ce résidant de Colombie-Britannique a torturé et tué six enfants, soit un aux trois jours en moyenne. Arrêté le 12 août 1981, alors âgé de 41 ans, l'homme au long passé criminel et carcéral a fini par avouer 11 meurtres d'enfants commis dans les huit mois précédents: huit filles âgées de 12 à 18 ans, et trois garçons âgés de 10 à 16 ans.

Jusque-là, quatre cadavres seulement avaient été découverts de façon fortuite. En échange d'une somme de 100 000$ qui allait échoir à sa femme et à son fils, le meurtrier a révélé les détails de ses crimes et conduit les policiers aux cadavres.

Les victimes, que ce travailleur de la construction avait prises en stop ou fait monter dans sa voiture sous de faux motifs, comme la promesse d'un emploi à 10$ l'heure, avaient souvent été tuées à coups de marteau. Mais il lui est aussi arrivé de se servir d'un couteau, d'une pierre ou d'étrangler sa victime.

En 1982, Olson a plaidé coupable à 11 accusations de meurtre prémédité et a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. En 1997, pour des raisons logistiques, il a été transféré au pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines, le plus sûr au pays. La même année, comme il était au pénitencier depuis 15 ans, il s'est prévalu de son droit de demander une libération conditionnelle hâtive. Pour ce faire, il devait d'abord obtenir l'approbation d'un jury. Ce dernier n'a délibéré que 15 minutes avant de lui refuser cette permission. Olson a donc continué à purger sa peine au Québec.

Depuis 1997, il refuse d'être évalué par les psychiatres.

Différents rapports ont tout de même été établis au fil des ans à son sujet et font état de plusieurs problèmes. Un psychiatre l'a décrit comme la «quintessence» du psychopathe. Outre sa personnalité antisociale et narcissique, c'est un pédophile, un sadique sexuel probablement nécrophile qui ne montre aucun remords, dit le rapport. Mardi, Olson a affirmé au contraire qu'il avait des remords.

Depuis 2006, il peut demander une révision de son cas tous les deux ans, ce qui amène chaque fois les parents à replonger dans leurs horribles souvenirs. Mardi, Shason Rosenfeldt, mère de feu Daryn Tood Johnsrude, a promis d'être toujours là pour s'opposer à la libération du tueur. «Et quand je ne serai plus là, ma fille y sera», a-t-elle dit. En 2008, Olson avait renoncé à sa demande.