Le 2 mai dernier, Evans Ambroise s'est présenté comme prévu au palais de justice pour régler sa cause en matière de violence conjugale. Mais une rafale d'incidents a fait en sorte qu'à midi, il était l'homme le plus recherché de la ville et qu'il se terrait avec une balle dans la main, tirée par un constable spécial qu'il avait heurté avec sa voiture.

«Son intention était de fuir, s'esquiver. Il a démontré une insouciance totale, sans égard pour les conséquences», a fait valoir le juge Salvatore Mascia, hier, en imposant 25 mois de prison à l'homme de 28 ans. Arrêté après une cavale de quelques semaines, Ambroise a finalement plaidé coupable, en octobre dernier, à des accusations de voie de fait sur sa conjointe et de voie de fait armée et avec lésions contre le constable Donald Saint-Germain.

Le matin en question, avant de passer à la cour, Ambroise et sa conjointe se sont disputés à l'extérieur du palais de justice. À un certain moment, la jeune femme, qui a deux enfants avec Ambroise, est tombée par terre. Un journaliste a vu l'incident et a prévenu les constables spéciaux. Ambroise a fui. Des constables se sont lancés à sa poursuite. Alors qu'Ambroise fuyait dans sa voiture, il a été intercepté par deux constables, dont M. Saint-Germain, qui le sommaient de s'arrêter. M. Saint-Germain a dégainé son arme. Ambroise a levé les mains. Hier, il a assuré qu'il n'avait jamais voulu faire de mal à qui que ce soit ce jour-là. «L'arme était dégainée sur moi, ça m'a rendu nerveux. J'ai pesé sur le gaz avec les mains dans les airs», a-t-il dit. Le constable a tiré et touché la main d'Ambroise. Ensanglanté, affolé, celui-ci a abandonné sa voiture quelques minutes plus tard pour fuir à pied.

Le constable encore sous le choc

Pour sa part, heurté par un côté de la voiture, le constable Saint-Germain a été blessé à une jambe. Il a pu sortir de l'hôpital le jour même après y avoir été traité, mais il a dû subir d'autres traitements par la suite et garde des séquelles, dit-il. Il est en outre traumatisé par cet événement au cours duquel il a dégainé son arme et tiré. «La pire décision, ce n'est pas de sortir l'arme, c'est de tirer», a dit M. Saint-Germain, hier, la voix brisée par l'émotion. L'homme, qui travaillait au palais de justice de Montréal depuis 2005, a tenté de reprendre son poste après l'événement, mais il en a été incapable. Ça le rendait malade. Quand il prenait son arme dans son casier, il ne voulait pas la charger, de peur d'avoir à l'utiliser, a-t-il expliqué. Il est affecté au point d'être contraint d'envisager une réorientation de carrière. Il vit actuellement de prestations de la CSST. Il a aussi raconté qu'il a dû déménager avec sa famille, en raison d'incidents qui sont survenus depuis le mois de mai et qui lui ont fait craindre pour sa sécurité.

Antécédents

Ambroise a des antécédents judiciaires, notamment en matière de vol, de voie de fait et de possession de crack. Ce facteur a pesé lourd dans la balance, hier. Son avocat, Me Alexandre Goyette, demandait un sursis, compte tenu des circonstances, tandis que le procureur de la Couronne, Pascal Dostaler, demandait 34 mois. Le juge a finalement opté pour 25 mois.

La conjointe d'Ambroise était présente, hier. Ils sont toujours ensemble et elle espérait qu'il sorte rapidement de prison. Elle pleurait en sortant de la salle d'audience.