Jason Gabriel est-il un homme violent et dangereux pour la population de Kanesatake? Ou n'est-il qu'un citoyen craintif et persécuté par les policiers de la Sûreté du Québec?

De toute évidence, la Couronne et la défense font des analyses bien différentes du personnage. Chacune a tenté de faire valoir son point de vue au juge Carol Richer, hier, à l'enquête sur la mise en liberté de Jason Gabriel, au palais de justice de Saint-Jérôme.

Recherché depuis 2006, Gabriel, 39 ans, a été arrêté le 1er novembre dans son domicile à Kanesatake. Il fait l'objet d'une cinquantaine de chefs d'accusation en lien avec 17 incidents survenus entre 2005 et 2010.

Hier, l'enquêteur Martin Cianci a résumé les nombreux dossiers pour lesquels l'accusé était recherché. À la demande de la défense, l'audience a été frappée d'un interdit de publication.

Gabriel est notamment accusé de violence envers trois de ses ex-conjointes, d'agressions armées envers des policiers et de méfaits sur des voitures de police. La SQ le soupçonne en outre d'avoir mis le feu à un cabanon et d'avoir menacé une résidante de Kanesatake de détruire son restaurant avec un bulldozer.

Martin Cianci a expliqué hier comment Jason Gabriel avait échappé deux fois aux policiers en 2009. D'ailleurs, la Couronne fédérale a porté une nouvelle accusation d'évasion contre lui en lien avec l'une de ces affaires.

Acharnement policier?

L'avocat de la défense, Me John T. Pepper, a tenté de démontrer que les policiers de la Sûreté du Québec ont fait preuve d'acharnement envers son client. Il a également mis en doute la crédibilité des plaignants lors du contre-interrogatoire de Martin Cianci.

«En fait, a-t-il dit à La Presse, on réalise qu'il s'agit de prétendues voies de fait sur d'ex-conjointes et des policiers. Comme par hasard, ces policiers sont toujours devant sa résidence, alors qu'il y a des mandats d'arrêt contre lui depuis 2006.» Selon lui, Jason Gabriel fuyait les policiers de peur d'être frappé et blessé.

L'accusé garderait encore des séquelles de son arrestation, selon John Pepper. Il souffrirait notamment de douleurs au dos et de palpitations cardiaques. L'avocat a d'ailleurs demandé au Tribunal, hier, que son client soit vu cette semaine par un médecin externe à la prison.

«Il a été arrêté de façon sauvage alors qu'il était seul chez lui avec sa petite blonde», a dit John Pepper.

Les membres du Groupe d'intervention tactique de la SQ ont débarqué chez Jason Gabriel peu avant minuit en fracassant les fenêtres. Les dommages sur la résidence s'élèveraient à plus de 30 000$, selon la défense.

En voyant les policiers, Jason Gabriel se serait enfui dans son garage, où d'autres agents l'attendaient. Il aurait alors passé par une petite trappe pour atteindre le sous-sol. Les policiers auraient largué des grenades de diversion. Toujours selon son avocat, Gabriel aurait été maîtrisé après avoir reçu deux décharges de pistolet électrique.

L'enquête sur sa mise en liberté se poursuivra demain après-midi.