La condamnation de Myriam Bédard pour l'enlèvement de sa fille en 2006 est maintenue puisque la Cour suprême du Canada a décidé de ne pas entendre la demande d'appel formulée par l'ex-athlète.

Mme Bédard tente depuis trois ans de faire reconnaître son innocence depuis qu'un jury l'a trouvée coupable d'enlèvement.

Le plus haut tribunal du pays a fait savoir jeudi sa décision de refuser d'entendre l'appel formulé par la double médaillée d'or des Jeux de Lillehammer.

Elle a ainsi épuisé ses recours judiciaires.

Fidèle à son habitude lors des demandes d'appel, la Cour suprême n'a pas expliqué sa décision.

Lors de son divorce en 2002 de l'entraîneur de biathlon Jean Paquet, Mme Bédard avait obtenu la garde légale de leur fille. Le père jouit cependant de droits d'accès la plupart des fins de semaine.

En octobre 2006, Mme Bédard s'était rendue à Washington avec sa fille - alors âgée de 11 ans - et son conjoint Nima Mazhari pour y dénoncer le «terrorisme bureaucratique canadien».

N'ayant pas donné son accord à ce voyage aux États-Unis et craignant de ne plus revoir sa fille, le père avait alors contacté la police.

Lors du procès, il avait d'ailleurs indiqué avoir communiqué par téléphone à quelques reprises avec sa fille lors de ce séjour mais que les conversations étaient toujours très courtes. Il maintient qu'il n'arrivait pas à savoir où sa fille se trouvait précisément.

Quant à Mme Bédard, elle avait expliqué n'avoir jamais eu l'intention de priver le père de sa fille, son voyage étant temporaire, bien que d'une durée indéterminée.

Après 87 jours passés aux États-Unis, Mme Bédard a été arrêtée dans l'État du Maryland en décembre 2006. Elle y a passé 14 jours en prison avant d'être finalement extradée au Canada en janvier 2007.

Elle a été reconnue coupable peu après par un jury d'enlèvement en contravention d'une ordonnance de garde.

La peine imposée à Mme Bédard était une absolution conditionnelle, assortie d'une probation de deux ans.

L'ex-biathlète de Loretteville a réclamé en vain à la Cour d'appel qu'elle ordonne la tenue d'un nouveau procès.

Son avocat estimait que le jury avait été «induit en erreur» par les directives du juge avant de rendre son verdict.

Bien que la Cour d'appel était d'avis que les directives données aux jurés n'étaient pas parfaites, elles étaient néanmoins «adéquates». Avec des instructions différentes, le même verdict de culpabilité aurait été rendu, concluaient les juges en appel.

«Le comportement erratique de l'appelante (Mme Bédard), consistant à s'abstenir de retourner les appels téléphoniques, de répondre aux courriels reçus, suivi à compter de la mi-décembre de changements d'hôtels systématiques de façon à ce que le père ne soit plus en mesure de savoir exactement où elle se trouvait avec l'enfant, dénote, cette fois-ci de façon non ambiguë, une intention d'empêcher les communications avec le père, et donc de priver ce dernier des droits qui étaient les siens (...)», peut-on lire dans le jugement de la Cour d'appel rendu en mars 2010.

M. Mazhari a eu lui aussi maille à partir avec la justice. Il a été condamné en 2007 à une peine de prison de six mois pour vol et recel de tableaux, estimés à plus de 75 000$.

Mme Bédard avait témoigné lors de son procès.

Le juge l'avait montrée du doigt pour sa complicité vraisemblable avec les actes de son conjoint. Il avait de plus estimé que les témoignages unanimes des membres de sa famille avaient démontré que Mme Bédard était sous le joug de M. Mazhari et que le couple semblait vivre sur une autre planète.

Myriam Bédard a remporté deux médailles d'or en biathlon aux Jeux olympiques de Lillehammer, en Norvège, en 1994.