«Il y a quelques personnes que je prévois aller visiter quand j'aurai décidé de commencer ma vie de malade. Des profs aussi, s'ils sont encore en vie. Ou si personne ne les a descendus d'ici là.»

C'est en ces termes que David Abitbol aurait proféré les menaces qui ont mené à son arrestation, la semaine dernière, à la suite d'une enquête de la Sûreté du Québec.

La Presse a obtenu des extraits de la longue conversation qui l'a incriminé. La SQ n'a pas souhaité commenter le contenu du document pour ne pas nuire à l'enquête, mais une source civile en a confirmé l'authenticité.

David Abitbol, 28 ans, aurait tenu ces propos menaçants alors qu'il clavardait avec une ancienne connaissance sur le site MSN. Ces longs échanges écrits ont eu lieu du 28 septembre au 1er octobre, la veille de son arrestation.

Dans les extraits obtenus par La Presse, David Abitbol parle essentiellement de son intérêt pour les armes à feu, pour la guerre et pour les vidéos violentes disponibles sur l'internet. Il s'exprime sous le pseudonyme de Darkiller et écrit dans un langage phonétique.

Pendant les échanges, son interlocuteur lui pose plusieurs questions. Il accompagne parfois ses réponses d'un bonhomme sourire, mais il ne l'encourage pas autrement dans son délire et ne semble pas partager ses opinions.

Vers 23h, le 28 septembre, David Abitbol décrit comment il souhaiterait «rendre visite» à ses connaissances. «Ça dépend comment je vais filer ce jour-là, écrit-il. Si je file genre cool et pas chien, head shoot. Si je file chien, ça va prendre du temps et je vais bien prendre mon temps.»

Le surlendemain, l'accusé raconte que certaines personnes se demandent comment il a réussi à obtenir des permis de possession d'armes à feu. Son interlocuteur lui répond que, s'il n'a jamais rien fait de mal, il ne fera jamais rien de mal. «Non, un jour, je vais commencer ma vie de malade, répète David Abitbol. Je le sais. Avant de crever, je vais avoir descendu au moins une personne.»

Vidéos morbides

Si l'on se fie à la conversation qu'il a eue sur MSN, David Abitbol semble éprouver un intérêt morbide pour les vidéos de violence sur l'internet, dont celles montrant des assassinats, des décapitations et des accidents.

Il décrit notamment une vidéo dans laquelle un tireur abat des passants depuis le toit d'un immeuble. Son interlocuteur lui répond qu'il doit y avoir une différence entre le fait de tirer sur un homme et de tirer sur une cible de carton dans un club de tir.

«C'est plus cool, lui répond David Abitbol. T'as comme envie de recommencer. Mais d'une autre façon pour voir la personne mourir différemment. Le plus cool, c'est de tirer sur quelqu'un quand il s'enfuit. Quand tu le pognes, il revole.»

«J'ai tué des animaux avec mes guns à plomb et c'était trop cool, enchaîne-t-il. C'est sûr que tuer quelqu'un, ça serait trop hot, ça.»

Quelques minutes plus tard, son interlocuteur lui demande s'il a déjà tué un être humain. «À date, non, mais ça va arriver», répond David Abitbol, sans préciser dans quel contexte il entendrait commettre ces crimes.

Dans d'autres extraits, Abitbol écrit qu'il veut devenir mercenaire ou encore s'enrôler dans l'armée américaine ou guatémaltèque (l'accusé, qui a été adopté, serait originaire du Guatemala). «Le mieux, c'est aux States, écrit-il. Là-bas, ils font la guerre et ils ont plein de jouets cool. Ça ne me tente pas d'aller dans un pays et d'aider le monde, genre. Je préfère tuer du monde.»

En réponse aux nombreuses questions de son interlocuteur, David Abitbol écrit qu'il tuerait autant des hommes, des femmes que des enfants. «S'il faut que je tire, je tire, écrit-il. (...) Même à 5 ans. Je lui ferai sauter sa petite tête. (...) Même un poupon dans son berceau avec sa maman qui le pousse.»

En parlant d'un film, David Abitbol écrit également qu'il a «toujours voulu tuer quelqu'un avec une chainsaw».

Armes à feu

L'accusé décrit ses armes à feu, précisant que sa nouvelle acquisition, un fusil de chasse Mossberg 500, peut «faire exploser des têtes». Il écrit également qu'il conserve une arme semi-automatique chargée à côté de son lit au cas où «ça pète». Or, lors de la perquisition, les cinq armes de l'accusé étaient déchargées et rangées au fond de son placard, avaient assuré les parents d'Abitbol.

Rappelons que, au lendemain de son arrestation, David Abitbol a dit avoir proféré ses menaces lors d'une conversation sur MSN avec un ancien ami du primaire qu'il venait de retrouver grâce au site Facebook. Il a prétendu qu'il s'agissait de «niaiseries» et qu'il faisait semblant de se «préparer à la Troisième Guerre mondiale». Il a affirmé faire fréquemment ce genre de «blagues» avec un autre ami.

La Couronne a demandé une évaluation psychosociale de l'accusé, qui sera de retour devant le juge mercredi pour son enquête sur mise en liberté. En plus des accusations de menaces et d'entreposage illégal d'armes à feu, David Abitbol sera accusé de possession de pornographie juvénile, car la SQ aurait trouvé des centaines de photos de pornographie juvénile sur son ordinateur.