Dorothy Spinks a assisté ce matin aux funérailles des frères Jean-Guy et Richard Roy. Les yeux humides, la Montréalaise embrassait tendrement son fils Nicolas, 10 ans, atteint de la trisomie 21.

Quelques bancs plus loin, Francine Fafard, de Drummondville, était elle aussi émue aux larmes. Elle tenait la main de son frère Denis, 50 ans, de qui elle s'occupe depuis la mort de leur mère, en 2004.

Comme une poignée d'autres Québécois vivant avec la trisomie 21, Dorothy Spinks et Francine Fafard ont tenu à être présentes à la cérémonie, qui s'est déroulée à l'église Notre-Dame-du-Rosaire, à Saint-Hyacinthe.

Elles ont toutes deux été bouleversées par l'histoire des deux frères trouvés morts la semaine dernière dans leur résidence de Saint-Jude, en Montérégie.

Jean-Guy Roy, 59 ans, est décédé de causes naturelles. Quelques jours plus tard, son jeune frère Richard, 46 ans, est mort à son tour, possiblement emporté par la faim ou la soif. Il était atteint de la trisomie 21.

«Quand on y pense, Richard est décédé de solitude», a dit Dorothy Spinks à sa sortie de l'église.

Les frères Roy sont morts seuls, mais plusieurs centaines de personnes sont venues leur dire un dernier adieu. Leur père, âgé de 92 ans, et plusieurs de leurs frères, soeurs, neveux et nièces étaient présents à l'église.

Les victimes ont eu droit à une cérémonie simple et émouvante, ponctuée par la musique d'un quatuor à cordes et deux choristes de l'Orchestre métropolitain du Grand Montréal. En l'honneur de Richard, la famille a fait jouer une chanson country qui faisait rire la victime.

Le président de la Société québécoise de la trisomie 21, Sylvain Fortin, a prononcé un hommage funèbre pour les deux victimes aux côtés de son fils Mathieu, 13 ans, porteur du syndrome. C'est lui qui avait invité les familles vivant avec la trisomie 21 aux funérailles.

M. Fortin a salué Jean-Guy Roy, qu'il a décrit comme un homme «démuni, mais rempli d'amour». «On dira que Jean-Guy a mal évalué sa propre fragilité mais, dans son esprit, cela était secondaire en regard de son affection et de sa tendresse pour Richard», a-t-il déclaré.

Il a également livré un vibrant hommage aux personnes vivant avec la trisomie 21. «Dans leurs yeux, c'est de l'amour à perte de vue: les autres sont beaux et ils sont prêts à leur ouvrir les bras pour un accueil sans condition et une généreuse accolade», a-t-il dit.

Sylvain Fortin a finalement partagé son souhait de voir un jour des CHSLD destinés aux personnes trisomiques. Sa Société travaille actuellement à mettre sur pied un tel projet, la maison Charles et Anne de Gaulle. Le général de Gaulle avait une enfant trisomique, Anne.

«Je souhaite que nous soyons aidés de la population québécoise afin que nous puissions y consacrer une part de nos ressources et de nos énergies», a lancé Sylvain Fortin. Un peu plus tôt, il a déploré le silence du ministre de la Santé, Yves Bolduc, depuis le drame de Saint-Jude.

Au terme de la cérémonie, les proches se sont rendus au cimetière pour l'inhumation des urnes. Jean-Guy et Richard Roy ont été enterrés à côté de leur mère, Laurencia Dulac, décédée en 1995.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse