L'enquête policière sur les circonstances de l'accident qui a fauché la vie de trois cyclistes sur la route 112, en mai dernier, est terminée. La Sûreté du Québec a confirmé hier que le dossier avait été remis, fin juillet, à un procureur de la Couronne. Dans les prochaines semaines, le ministère public évaluera s'il y a lieu de porter des accusations criminelles contre le conducteur impliqué.

Pour l'instant, les causes de la collision demeurent imprécises. Le conducteur, un père de famille de 29 ans qui n'a jamais donné publiquement sa version des faits, a décliné la demande d'entrevue de La Presse.

«On n'en entend plus parler et c'est mieux comme ça. Les personnes qui ont à savoir savent», a-t-il indiqué, mercredi, lors d'un bref entretien téléphonique. «C'est un concours de circonstances. L'histoire est terminée», a ajouté le jeune pompier volontaire.

Le dossier de la Sûreté du Québec, qui comprend le rapport de la reconstitution de la scène de l'accident, a également été remis au coroner chargé de l'enquête, André Dandavino. Selon ses conclusions préliminaires, le régulateur de vitesse de la fourgonnette était en fonction. D'après le Dr Dandavino, l'automobiliste, qui travaille dans une entreprise d'installation de systèmes d'alarme, revenait de son quart de nuit. On sait également qu'il n'a pas subi d'alcootest après l'accident.

Le Dr Dandavino a indiqué que son rapport ne sera pas prêt avant deux ou trois mois. «C'est un dossier qui fait quatre pouces et demi d'épaisseur», a-t-il indiqué en faisant référence à la complexité de l'enquête. «Il y a beaucoup de travail de reconstitution à faire.» Il a ajouté qu'il n'y avait pas eu d'autopsie sur les dépouilles.

L'accotement de la route 112 asphalté

À la suite de l'accident, il a beaucoup été question de la cohabitation entre les cyclistes et les automobilistes. Plusieurs spécialistes ont multiplié les interventions sur la place publique pour exiger que les accotements sur les routes du Québec soient asphaltés. Les pistes cyclables, que fréquentent les cyclotouristes, les familles et les adeptes du patin à roulettes, ne sont pas un endroit approprié pour les athlètes de pointe, qui doivent s'entraîner à haute vitesse.

Quelques jours après la tragédie, le ministère des Transports du Québec, tout en indiquant qu'il restait au moins 2400 km d'accotements à asphalter, s'est empressé de le faire sur le tronçon de la route 112 où les cyclistes ont perdu la vie. «Ils ont commencé les travaux une semaine après l'accident», a rappelé France Carignan, une des trois survivantes de l'accident qui a causé la mort de sa conjointe. «Je suis sans connaissance, je n'en reviens toujours pas. J'ai vraiment été heurtée que ce soit fait aussi vite. C'est comme s'ils admettaient que ça aurait dû être asphalté.»

Nous avons tenté de savoir, hier, si le Ministère avait depuis asphalté les accotements d'autres routes au Québec. À Transports Québec, le porte-parole Mario St-Pierre s'est borné à nous donner les mêmes chiffres qu'au printemps, tout en ajoutant: «Même s'il y a un accotement sur le bord d'une route où les autos circulent à 90 km/h, si un conducteur perd la maîtrise de son véhicule, il y a des risques. C'est un choix de rouler en bordure d'une route où l'on circule à cette vitesse.»

Photo: David Boily, La Presse

Les athlètes du club de triathlon de Saint-Lambert, dont les trois survivants de l'accident sont membres, se sont joints au mouvement Share the Road, créé par une Ontarienne qui a perdu son mari dans des circonstances similaires.