Dans le jargon criminel, on les appelle les «portes». Ce sont des gens qui facilitent l'entrée de drogues dans un pays.

Cinq bagagistes qui travaillaient pour diverses entreprises à l'aéroport Montréal-Trudeau ont ainsi servi de «portes» au clan Rizzuto. Le juge Claude Parent les a condamnés à des peines de pénitencier exemplaires, jeudi et hier, question de dissuader de nouvelles «portes» de s'ouvrir.

Luis Arruda, Manuel Cacheiro, Marco Cerone, Emilio Rafeli et Marco Pedicelli n'avaient pas d'antécédents judiciaires lorsque la mafia les a recrutés. Arrêtés dans la vaste opération Colisée en 2006, ils devront passer les prochaines années derrière les barreaux.

Le magistrat les a condamnés à des peines de six à neuf ans de pénitencier pour avoir participé à des complots visant l'importation de cocaïne au Canada au profit d'une organisation criminelle. La drogue était cachée dans des conteneurs à bagages ou des conteneurs à nourriture utilisés dans les avions. Les «portes» s'arrangeaient pour que les cargaisons de drogue sortent sans encombre de l'aéroport.

Cacheiro et Cerone ont pris part à un complot visant à importer 218 kg de cocaïne en provenance d'Haïti. Cacheiro, cette fois avec Arruda et Rafeli, a aussi tenté d'importer 38 kg de cocaïne en provenance du Venezuela. Rafeli a également essayé de faire entrer de la drogue en provenance de la République dominicaine. Quant à Pedicelli, il a été impliqué dans deux complots.

Soit ces complots ont échoué, soit la police a saisi la marchandise avant qu'elle arrive à destination. La preuve ne révèle pas combien les bagagistes auraient touché pour accomplir leurs tâches, mais ce n'était certainement pas du bénévolat, a indiqué le procureur de la Couronne, Me Alexandre Dalmau.

Facteurs aggravants

Le juge Parent a retenu plusieurs facteurs aggravants: la nature de la drogue importée et sa quantité, le bris du lien de confiance avec l'employeur, l'appât du gain et le fait que les crimes avaient été prémédités de longue date avec des moyens raffinés. Les grands organisateurs de ces complots, Ray Khano et Giuseppe Torre, purgent actuellement une peine de 14 ans de pénitencier. Leur homme de confiance chargé de recruter des «portes», Rodolpho Ignoto, était lui-même employé d'Air Canada. Ce dernier purge une peine de 11 ans de prison.

La Couronne s'est dite satisfaite des peines prononcées. Elle n'avait pas eu autant de succès dans la récente cause de l'ex-douanière Nancy Cedeno, déclarée coupable de corruption et condamnée à une peine de moins de deux ans à purger dans la collectivité alors que la Couronne demandait cinq ans de pénitencier. La Couronne a d'ailleurs interjeté appel de cette décision rendue par le juge Claude Millette, qui contraste avec les peines auxquelles son confrère Claude Parent a condamné les bagagistes.