Le capitaine Robert Semrau, des Forces armées canadiennes, a été acquitté lundi, en cour martiale, de l'accusation de meurtre non prémédité d'un insurgé afghan blessé et désarmé, en octobre 2008, dans la province de Helmand, dans le sud du pays.

Le militaire, âgé de 36 ans, a par ailleurs été reconnu coupable d'une accusation moindre de conduite déshonorante, portée en vertu de la Loi sur la défense nationale.

Les avocats des deux parties doivent se rencontrer mardi afin d'argumenter sur les procédures militaires au chapitre de la sentence en se basant sur la Charte des droits et des libertés.

Le frère du capitaine, Bill Semrau, a indiqué que la famille était déçue de ce dernier verdict parce qu'elle croit que le militaire n'a rien fait de mal.

Le procureur, le lieutenant-colonel Mario Levaille, a dit que c'est la première fois qu'un militaire est reconnu coupable d'avoir abattu un combattant mais la décision démontre qu'il est difficile de prouver un crime dans le «brouillard de la guerre».

«Nous avons prouvé qu'il a tiré sur un homme désarmé, le blessant. C'est ce que nous avons prouvé hors de tout doute raisonnable, a-t-il commenté. Je ne peux pas expliquer pourquoi le jury a rendu ce verdict.»

Le capitaine Semrau faisait face en tout à quatre chefs d'accusation: deux en vertu du Code criminel et deux en vertu de la Loi sur la défense nationale.

Durant le procès en cour martiale, qui a duré quatre mois, le capitaine Semrau ne s'est jamais avancé à la barre pour témoigner, et son avocat n'a présenté aucun élément de preuve. La défense a plaidé que Semrau avait simplement voulu abréger les souffrances d'un insurgé taliban à l'agonie.

Selon le colonel à la retraite Michel Drapeau, aujourd'hui avocat, si la question de tuer un ennemi par pitié est un fait coutumier chez les militaires, le verdict pourrait bien y mettre un terme. «Cela indique que c'est une mesure illégale, immorale, contraire à l'éthique et qu'elle ne sera pas tolérée.»

Des témoins au procès ont raconté que Semrau avait tiré deux coups de fusil en direction du taliban agonisant, dont on a jamais retrouvé le corps. Un capitaine de l'Armée nationale afghane qui a été témoin de l'incident a raconté au procès que le combattant taliban était «à 98 pour cent mort» lorsque Semrau l'a trouvé.

Le jury en cour martiale, composé de cinq militaires, avait commencé à délibérer samedi.