L'acte d'accusation de l'opération baptisée C-Devancer est multiethnique, à l'image de la région de Montréal, où s'est déroulée en grande partie l'enquête policière.

Chaque communauté avait sa spécialité, d'après la preuve présentée en cour, hier.

La «filière algérienne» aurait exploité des laboratoires clandestins de fabrication de faux documents, dont des cartes d'assurance maladie et des cartes de crédit, en se servant de garderies comme couverture.

Trentaine de criminels

Une trentaine de criminels issus de la communauté maghrébine ont été arrêtés au cours de la vaste opération policière menée en novembre dernier. La présumée tête dirigeante du réseau est Mohamed Cheriti, 45 ans, de Montréal. Onze d'entre eux sont inculpés de gangstérisme. Ils ont plaidé non coupable et retourneront devant le tribunal au mois de septembre.

La «filière tamoule», elle, se spécialisait dans la fabrication de faux passeports. Les accusés d'origine sri-lankaise confiaient toutefois la falsification des photos de passeport à un Québécois d'origine haïtienne, Fenel Miracles, surnommé «le magicien».

La «filière québécoise», elle, est composée de huit Québécois de souche de la région de Laval. Ces derniers achetaient des cartes de crédit fabriquées par la filière algérienne et s'en servaient dans les centres commerciaux pour acheter des biens qu'ils revendaient ensuite.

L'enquête de la Sûreté du Québec s'est mise en branle en 2007. C'est la filière algérienne qui était visée au départ. En cours de route, les policiers se sont rendu compte que des receleurs de cette organisation avaient volé des passeports pour les revendre à la filière tamoule. Lors d'opérations de filature, les enquêteurs ont été témoins de rencontres entre membres des deux cellules.