Après le D Lounge, un deuxième bar situé dans ce quartier chaud de Rivière-des-Prairies, le Café Bar Ferrari, a été fermé d'urgence hier. Victime d'un attentat au cocktail Molotov en novembre 2009, le café italien a été la cible depuis de plusieurs menaces de représailles de gangs de rue, au point où on craignait pour la sécurité des clients et de la population à proximité.

Le Café Bar Ferrari restera fermé au moins jusqu'au 15 juin, des auditions sur le fond de la question étant prévues la veille.

Contrairement à ce qui s'est passé jeudi avec le D Lounge, la Régie des alcools, des courses et des jeux a obtenu une certaine collaboration des responsables du bar et notamment de la titulaire des permis d'alcool et de loterie vidéo, Caterina Padula. Convoquée jeudi soir pour une audience d'urgence, elle a admis la gravité de la situation et accepté, par l'entremise de son avocat, de fermer volontairement son bar.

Le président Michel Gougeon n'a eu qu'à entériner la fermeture provisoire en fin de matinée. Aucun client ni employé n'aura le droit d'entrer dans l'établissement d'ici le 15 juin, à l'exception des responsables de l'entretien pendant les heures normales de bureau.

Briques et mitraillette

Selon les policiers, on a noté une recrudescence des actes criminels manifestement posés pour intimider le propriétaire. En mars 2009, des «hommes de race noire», précise l'acte de convocation, ont lancé quatre briques en direction de l'établissement et ont pris la fuite. Personne n'a été blessé. Le 30 décembre de la même année, trois «individus de race noire» entrent dans l'établissement et un d'entre eux est armé d'une mitraillette, qu'il pointe vers les clients en faisant semblant de tirer. Ils quittent les lieux sans faire feu.

Dans la nuit du 28 au 30 mai derniers, alors que des coups de feu étaient tirés à proximité du D Lounge, on a notamment saisi un Luger de calibre 9 mm et deux sachets de poudre blanche près du bar Ferrari, dans la rue André-Ampère.

Dans les deux jours qui ont suivi, des individus de race noire - les policiers prennent soin de le préciser - ont simulé des «drive-by shooting» devant le bar. Deux sources policières décrites comme dignes de foi ont révélé que des membres de gangs de rue en voulaient au propriétaire, et auraient déclaré: «Si la police ne le tasse pas, il y aura d'autres représailles à cet établissement.» Le 1er juin, un policier enquêteur du SPVM inspecte le Ferrari et met la main sur un calepin contenant une liste de sommes d'argent à côté de noms d'individus. Le propriétaire refuse de donner des informations concernant le calepin.

Enfin, la goutte qui a fait déborder le vase est tombée jeudi: des perquisitions dans «l'environnement immédiat» ont permis de saisir quatre armes à feu, dont une mitraillette. Neuf individus membres d'un gang de rue lié aux Bloods ont en outre été interpellés.

C'est la 11e fois depuis 2002, et la 3e en 2010, que la Régie utilise le critère de l'urgence et de la menace imminente à la sécurité du public pour fermer un bar. La plupart, soit neuf établissements, ont finalement vu leur permis révoqué.