En proie à une profonde dépression, le pompier Michel Brochu voulait s'immoler par le feu, quand il s'est rendu au Canadian Tire de Pointe-aux-Trembles, le 24 mai 2007. Finalement, il a seulement mis le feu au magasin. Hier, l'homme de 49 ans a été condamné à une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité pour son geste.

En imposant cette peine, le juge Jean B. Falardeau a entériné la suggestion commune des avocats. Selon les évaluations faites à son sujet, M. Brochu est un cas limite. Il était responsable de ses actes lors des événements, mais tout juste. D'ailleurs, le matin de l'incident, il avait essayé sans succès de joindre le service d'aide à son travail. Il semble que la mort d'un collègue, qui s'était lui-même immolé par le feu, lui avait donné des idées. Des problèmes personnels, ainsi qu'une crise de jalousie alimentée par sa consommation d'alcool, l'auraient amené à commettre ce geste insensé, surtout pour un pompier. M. Brochu était employé par le Service des incendies de Montréal depuis 1989, et travaillé à la caserne 38, rue Sherbrooke Est. Il n'était toutefois pas en devoir le jour de l'incident. Le Canadian Tire en question est situé dans la rue Sherbrooke également, à l'angle du boulevard Tricentenaire.

Selon le résumé présenté hier par le procureur de la Couronne Louis Miville-Deschenes, M. Brochu s'est rendu au Canadian Tire en début de soirée, alors qu'il était bondé de clients. Il est allé dans la section du camping et a mis le feu avec un accélérant, alors qu'il se trouvait seul dans une allée. Il est ensuite sorti du magasin, qui a été évacué. Heureusement, personne n'a été blessé. Les pompiers ont réussi à circonscrire les flammes et sont partis vers minuit. Le système de gicleurs avait été fermé, selon une information que La Presse a obtenue. Deux heures plus tard, les pompiers étaient de retour, car le feu avait repris de plus belle. L'incendie de cinq alertes a mobilisé une centaine de collègues de M. Brochu. Finalement, l'immeuble a été complètement détruit. Des caméras de surveillance avaient filmé M. Brochu, mais il n'avait pas été identifié. En juillet 2007, M. Brochu s'est livré aux policiers.

M. Brochu a évidement été congédié. Il est sobre depuis 2007 et il travaille en rénovation, a fait valoir son avocat, Me Gary Martin.

«Il était dans une détresse épouvantable, il n'était pas lui-même», a noté le juge Falardeau en imposant la peine, hier. M. Brochu sera soumis à un couvre-feu pendant la première année de sa peine. Il doit aussi continuer de prendre les médicaments qui lui sont prescrits.