Coïncidence: après les accidents qui ont fauché cinq cyclistes depuis vendredi, le Service de police de la Ville de Montréal a lancé hier une campagne de sécurité à vélo. L'an dernier, trois cyclistes ont été tués à Montréal, sans compter des centaines de blessés graves et légers.

Mais le bilan demeure stable depuis quelques années, ce qui constitue une «bonne nouvelle» compte tenu de l'augmentation considérable du nombre de vélos en circulation. Il reste toutefois beaucoup de travail à faire, selon l'inspecteur-chef Stéphane Lemieux, de la division de la sécurité routière et de la circulation: «En général, le bilan est stable, mais, idéologiquement, ce n'est pas suffisant. Un cycliste ne fait pas le poids contre un automobiliste, et une victime est toujours une victime de trop.»Pour marquer le coup de l'énième campagne de prévention, plusieurs policiers se sont rassemblés lundi matin en bordure d'une piste cyclable très fréquentée du quartier Petite-Patrie. En plus de sensibiliser les cyclistes aux règles de sécurité, ils ont distribué gratuitement des casques à ceux qui n'en portaient pas.

Selon des chiffres fournis par le SPVM, 734 cyclistes ont signalé l'an dernier avoir été victimes d'une collision avec un véhicule sur le territoire montréalais. Outre les trois qui ont perdu la vie, quarante et un cyclistes ont subi des blessures graves. On déplore un mort cette année.

La plupart des accidents sont causés par des cyclistes qui font des entorses au Code de la sécurité routière. La plupart des victimes ne s'arrêtent pas au feu rouge ou ne respectent pas la signalisation. Il y a aussi des automobilistes qui omettent de céder le passage lorsqu'ils tournent à une intersection. «Il faut aussi poursuivre nos efforts de sensibilisation auprès des automobilistes», a résumé M. Lemieux.

Une tragédie qui fait réfléchir

Plusieurs cyclistes interceptés lundi matin par les policiers à l'angle des rues Boyer et Bélanger se sont montrés étonnés mais ravis de repartir avec un casque.

Marie-Pierre Séguin a expliqué qu'elle redouble de vigilance à vélo, car les pistes cyclables de la ville ont parfois des airs d'autoroutes. «Bientôt, on va être témoins de cas de rage au guidon, a-t-elle dit en riant. Aux heures de pointe, il y a plus de monde sur les pistes, en plus des Bixi. Il faudra apprendre à travailler avec cette très bonne idée d'augmenter le nombre de vélos», croit Mme Séguin.

Les événements de la fin de semaine en ont bien sûr fait réfléchir plus d'un. «C'est sûr que ça m'a stressée, a expliqué Carolina Navarreth, fraîchement casquée. J'ai des amis qui m'ont conseillé d'acheter un casque, mais je travaille à seulement cinq minutes à vélo de chez moi.»

Colette Loumède, elle, soupçonne presque un complot. Son conjoint insistait en vain pour qu'elle porte un casque. Elle avoue que les événements de la fin de semaine lui ont fait prendre conscience des risques. «C'est absolument dramatique. Ces gens sont morts en faisant ce qu'ils aimaient, mais c'est dramatique.»

Selon le SPVM, le port du casque réduit de 63 à 88% les risques de blessures à la tête.

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BILAN ROUTIER-CYCLISTES

                                   2007       2008     2009

DÉCÈS                             4             2         3

BLESSÉS GRAVES         27           34        41

BLESSÉS LÉGERS        769         665      690

TOTAL                          800         701      734

Source : SPVM

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INFRACTIONS ET AMENDES-CYCLISTES

INFRACTION                                         AMENDE                   POINT D'INAPTITUDE

Ne pas s'immobiliser à un feu rouge         37$                                     3

Ne pas s'immobiliser face à un arrêt         37$                                     3

Circuler sur le trottoir ou en sens inverse  37$                                 aucun

Circuler avec des écouteurs                     52$                                 aucun

Source : SPVM