Presque deux ans après le lancement d'une enquête publique sur le décès d'un Musulman à la suite d'une altercation avec la police montréalaise, le coroner chargé de l'affaire n'a toujours pas entendu de témoins ou vu la moindre trace de preuve.

Et il pourrait ne jamais devoir le faire puisque la Fraternité des policiers, qui doit comparaître en cour mardi, tentera d'éviter qu'un autre de ses membres soit tenu responsable de la mort de l'homme originaire du Maroc.

En 2005, Mohamed Anas Bennis, âgé de 25 ans, revenait de sa prière matinale lorsque la police, qui se dirigeait vers un appartement voisin munie d'un mandat de perquisition, l'a tué de deux coups de feu. M. Bennis n'était pas visé par l'enquête que les agents s'apprêtaient à mener.

Sa famille n'a jamais été satisfaite pas les explications officielles du corps policier, qui soutient que le jeune homme a menacé un agent avec un couteau de cuisine. Sa soeur, Najlaa, soutient que de nombreuses questions sont demeurées sans réponse.

Parmi celles-ci, la famille veut savoir pourquoi le couteau n'a jamais été soumis en expertise médico-légale et pourquoi la vidéo de la scène n'a jamais été dévoilée.

Une motion a été déposée en cour par la Fraternité des policiers peu de temps après que le coroner en chef du Québec ait annoncé le lancement d'une enquête en 2008.

Elle soutient que l'enquête représente un «abus de procédures», citant plusieurs rapports qui ont blanchi les deux agents impliqués dans l'affaire.

Les deux rapports clés, soit l'enquête intiale conduite par la police de la Ville de Québec et la décision du procureur de la Couronne de ne pas porter d'accusation, n'ont jamais été rendus publics.