Un homme prétendant être le «Prince du pot» au Canada fait l'objet d'un ordre d'extradition vers les États-Unis, une décision qui met un terme à la bataille juridique qu'il menait depuis cinq ans pour éviter de faire face à des accusations pour ses activités de vente de semences de marijuana.

Le ministère fédéral de la Justice a annoncé lundi que son ministre avait signé un ordre d'extradition vers l'État de Washington contre Marc Emery. Ce dernier pourrait être remis aux autorités américaines au cours des prochains jours.

En se livrant à la police de Vancouver, un peu plus tôt au cours de la journée, et ne sachant pas s'il allait être extradé, Marc Emery avait exhorté ses sympathisants à punir le Parti conservateur du Canada si jamais il était renvoyé vers les États-Unis.

«Je pense que la meilleure chose qui puisse arriver à notre mouvement est que le ministre décide bêtement de m'extrader, avait-il déclaré aux journalistes, sa femme à ses côtés et des sympathisants derrière lui. Les Canadiens seront très, très en colère et ils puniront ce gouvernement.»

«J'ai dit à mes sympathisants que si j'étais extradé, ils devraient s'acharner continuellement et sans pitié contre tous les députés conservateurs jusqu'à ce qu'ils soient battus aux prochaines élections ou aux suivantes. Ce sera le projet de toute une vie pour eux, tant et aussi longtemps que je serai emprisonné aux États-Unis ou au Canada.»

Marc Emery était en liberté sous caution depuis l'automne dernier, lorsqu'il a été libéré en attendant que le ministre fédéral de la Justice, Rob Nicholson, prenne une décision dans ce dossier.

Lundi, M. Nicholson avait pris sa décision.

«Le ministre a ordonné la remise de Marc Emery aux États-Unis», a indiqué la porte-parole Carole Saindon dans une brève déclaration. Mme Saindon a ajouté que le ministre Nicholson n'allait pas commenter davantage l'affaire.

En 2005, des accusations ont été déposées contre Emery aux États-Unis. Des procureurs du gouvernement soutiennent que l'homme a vendu quatre millions de semences de marijuana par l'entremise de son magazine et de son site Web. Ils avancent en outre que 75 pour cent des ventes de Marc Emery ont été réalisées aux États-Unis.

L'année dernière, Emery avait conclu une entente avec les procureurs américains prévoyant qu'il plaide coupable. En retour, il a été condamné à une peine d'emprisonnement de cinq ans, tandis que ses deux coaccusés se sont vu imposer une période de probation.

L'un des avocats de Marc Emery, Kirk Tousaw, a affirmé lundi que son client demandera de purger sa peine dans une prison canadienne.

«Les États-Unis ont déjà accepté d'appuyer l'accord prévoyant le retour au Canada de M. Emery pour qu'il y purge sa peine», a affirmé au cours d'une entrevue Me Tousaw, un ancien directeur de campagne du Parti Marijuana. Nous nous attendons certainement à ce que le ministère de la Sécurité publique accepte.»

La déclaration du ministère de la Justice indique que Marc Emery pourrait demander à la Cour d'appel de la Colombie-Britannique de revoir l'ordre d'extradition. Me Tousaw n'a toutefois précisé s'il envisageait cette possibilité.

Des documents obtenus par l'avocat révèlent qu'un agent double américain a rencontré Marc Emery au Canada dans le but d'acheter des graines de marijuana.