Avec quatre meurtres «gratuits» d'une «violence inouïe» sur la conscience, Daniel Poirier continuait normalement sa vie. Il était même disposé à tuer un cinquième homme, cette fois pour entrer dans une grosse organisation criminelle.

«C'est le pire des criminels qui a commis les pires des crimes», a fait valoir la procureure de la Couronne Hélène Di Salvo, hier, en demandant que Poirier, qui écope automatiquement de la prison à vie pour ces quatre meurtres non prémédités, ne puisse obtenir de libération conditionnelle avant 25 ans. Et cela même si l'homme de 51 ans a plaidé coupable aux accusations lundi dernier, juste avant le début du procès.

Me François Bérichon, en défense, a demandé au juge James Brunton de fixer la période d'incarcération obligatoire à 20 ans. Après tout, en plaidant coupable, l'accusé a évité aux familles des victimes de vivre les moments pénibles d'un procès, en plus de faire économiser le coût de l'exercice aux contribuables. Le juge rendra sa décision le 14 mai.

De sang-froid

Entre 1990 et 1999, Poirier a tué quatre hommes de sang-froid. Le 23 novembre 1990, il a abattu Murat Julien d'un coup de .12 au visage parce que ce dernier avait frappé une prostituée. Le 30 mars 1991, il s'est introduit dans le domicile de Sylvain Sauriol, 30 ans, et l'a tué dans son sommeil, à coups de marteau. Un vrai massacre, que Me Di Salvo a relaté, hier. Raison invoquée par le meurtrier: Sauriol terrorisait des personnes âgées. Au début mars 1999, Poirier a étranglé un sexagénaire, André Bouchard, avec un fil électrique et l'a achevé à coups de couteau.

Un vol qui a mal tourné, a expliqué Poirier. Enfin, le 4 août de la même année, Poirier s'est rendu chez Serge Lachance, 42 ans, et l'a poignardé à 47 reprises. Le pathologiste n'a relevé qu'une seule plaie indiquant que la victime avait cherché à se défendre. C'était le prix à payer pour avoir vendu de la drogue de mauvaise qualité à Poirier.

Plus tard, au cours de confidences au sujet de ses meurtres, Poirier a dit que les victimes avaient toutes «mérité» leur sort.

Cacher les tatouages

En février 2008, Poirier est tombé tête première dans un piège que lui tendait la police. Croyant faire ses classes pour adhérer à une lucrative organisation criminelle, il a déployé tous ses talents de criminel au cours de 42 scénarios montés de toutes pièces par des policiers. Il a transporté des valises d'argent et des armes, et il avait même donné son accord à un projet de meurtre. «J'ai passé 20 ans au pénitencier, je connais la game», avait dit Poirier, en signalant qu'il avait passé sa vie dans la business de la criminalité. Au contact de ces faux criminels prospères, Poirier avait commencé à changer, allant jusqu'à s'acheter des chemises à manches longues pour cacher ses tatouages et ressembler à un «vrai citoyen». En juin 2008, alors qu'il croyait se confesser au grand manitou de l'organisation, il a avoué ses meurtres et a été arrêté.

Hier, des membres des familles des victimes ont expliqué au juge la peine que leur avaient causée les crimes de Poirier. Prenant brièvement la parole, Poirier a dit qu'il avait des regrets et des remords. «J'assume ce que j'ai fait, et je le regrette», a-t-il dit.