Une ordonnance de non-publication qui interdit à tout média de relater les détails du très attendu procès en lien avec le meurtre d'une fillette de huit ans, en Ontario, a provoqué des remous au Canada.
Terri-Lynne McClintic, une jeune femme de 19 ans arrêtée en rapport avec la mort de Victoria Stafford, devait comparaître en cour, vendredi à Woodstock, pour faire face à une accusation de meurtre prémédité.
Mais le juge Dougald McDermid a imposé une ordonnance de non-publication, une mesure qu'ont fortement dénoncée les dirigeants de deux grands quotidiens de Toronto, le Globe and Mail et le Toronto Star.
«Baîllonnée» (Gagged), pouvait-on lire en gros caractères à la une du Toronto Star, samedi.
Dans l'un de ses deux éditoriaux, le Star rappelle que des tribunaux accessibles permettent à la population d'avoir confiance en la justice. Un second éditorial inclut des sections noircies de texte, pour illustrer le fait que des éléments d'information soient demeurés cachés.
«Cette ordonnance va trop loin», arguait, de son côté, l'éditorial du Globe and Mail.
L'avocat Iain MacKinnon, un spécialiste des droits des médias, est d'avis que la portée de l'ordonnance de non-publication est inhabituelle et pourrait générer beaucoup de spéculation.
Me MacKinnon, qui parle au nom de plusieurs des organisations de presse couvrant le procès, croit que les médias ont raison de ressentir de la frustration.
Le motif de cette ordonnance ne peut non plus être publié.
Selon Me MacKinnon, l'ordonnance a été émise afin d'assurer que les informations dévoilées en cour vendredi n'aient pas d'incidence négative sur les procédures à venir.
Mais Me MacKinnon croit que des informations élémentaires devraient être divulguées.
Victoria Stafford a été portée disparue le 8 avril 2009, après avoir quitté son école de Woodstock. Ses restes ont été retrouvés trois mois plus tard, dans un champ au nord de Guelph, à une centaine de kilomètres de Woodstock.
Un deuxième suspect, Michael Rafferty, doit comparaître le 21 juin pour son enquête préliminaire.