Mario Antonacci et Sylvia Gibb, qui se réclament d'un obscur et excentrique mouvement souverain, ont fait un nouveau pied de nez au système, hier. Ils ne se sont pas présentés pour la suite de leur procès criminel et ont envoyé des missives et même des «ambassadeurs» à la cour, afin de confirmer leur absence, pour cause de non-juridiction. C'était la goutte qui précédait celle qui allait faire déborder le vase.

Il était 14h15. Le procureur de la Couronne, l'enquêteur, le témoin, et même l'interprète (parce qu'Antonacci, parfaitement bilingue, en avait exigé un), étaient présents dans la salle d'audience. Le juge Jean-Paul Braun a donné une dernière chance aux accusés, en demandant à leurs «ambassadeurs» de les joindre pour leur dire qu'ils avaient 10 minutes pour se présenter à leur procès. Les ambassadeurs (lire les supporteurs du couple) sont revenus au bout de 15 minutes pour faire savoir que la décision des accusés était finale et sans appel. Le groupe se réclame du mouvement Sovran Nations Embassies of Mother Earth.

 

Le procureur de la Couronne, Jacques Bélanger, a alors suggéré d'avoir recours à un article du Code criminel rarement utilisé (article 475), qui permet de continuer un procès en l'absence d'un accusé, quand celui-ci s'esquive. Après réflexion, c'est la voie que le juge Braun a choisie. Il a de plus délivré des mandats d'arrêt contre les deux accusés. Celui de Mme Gibb est un mandat visé, ce qui signifie qu'elle pourra être libérée après s'être présentée au poste de police. Antonacci, lui, devrait être détenu. Le juge rendra jugement le 12 mai, dans cette affaire où le couple est accusé de voie de fait grave à l'endroit d'une quinquagénaire. La plaignante, Jocelyne Malouf, affirme qu'Antonacci l'a jetée violemment hors du logement qu'elle lui avait prêté, le 20 septembre 2007. Elle a eu le bassin et un poignet fracturés.

Depuis le début de leur procès, en décembre, les accusés ont envoyé toutes sortes de requêtes sans queue ni tête, au juge et au procureur, soit pour dire que le tribunal n'avait pas juridiction sur eux, ou demander des choses impossibles.