Coup de théâtre mardi dans le dossier de Sayon Camara, cette Guinéenne menacée d'expulsion malgré une grossesse à risque. À quelques minutes de son renvoi, la Cour fédérale a accepté de lui accorder un sursis.

Sayon Camara, 42 ans, était déjà à l'aéroport Montréal-Turdeau lorsqu'elle a appris que la Cour fédérale acceptait d'entendre une demande de révision judiciaire. Son avocat, Stewart Istvanffy, avait déposé cette requête de dernière minute la veille pour contester l'ordre de renvoi émis vendredi par l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).Le juge Luc Martineau, de la Cour fédérale, a rendu sa décision vers 13h30. Du même souffle, il a émis une ordonnance pour arrêter la déportation de la femme, qui devait prendre l'avion à 14h.

Le magistrat a tenu compte des lettres des médecins attestant que Sayon Camara présente une grossesse à risque en raison de son diabète. Son renvoi immédiat pourrait causer un «préjudice irréparable pour la santé de la demanderesse et de son enfant à naître», a-t-il écrit dans son jugement.

Mme Camara, qui n'avait pas dormi de la nuit, a pu retourner chez elle, à Saint-Laurent, en compagnie de son mari, Abdoul Sow. «Je suis très contente, a-t-elle dit à La Presse. Je remercie mon mari et le Canada.»

Les procédures devant la Cour fédérale devraient s'échelonner sur au moins trois mois, selon Stewart Istvanffy. D'ici là, sa cliente, enceinte de six mois, devrait avoir accouché, dit-il.

Si la Cour annule l'ordre de déportation, Sayon Camara restera tout de même sujette à l'expulsion. Son avocat espère réussir à régulariser son statut au cours des prochains mois.

En décembre 2009, il a déposé une demande pour «raison humanitaire» auprès du ministère canadien de l'Immigration.

«Maintenant, il faut que le ministre Jason Kenney demande à son fonctionnaire de dire oui à cette pauvre dame pour qu'elle puisse passer le restant de ses jours ici, au Canada», a conclu Me Istvanffy.