Qui croire dans cette affaire d'agressions à l'égard de trois fillettes à la garderie Fun Time Home Daycare de Côte-des-Neiges? Alan Frederick James, le propriétaire de 55 ans, qui nie absolument tout geste sexuel, ou les petites qui affirment que «Daddy Alan» touchait à leurs parties intimes?

Après avoir entendu les plaidoiries des avocats, il revient maintenant au juge Jean-Pierre Bonin de trancher. Ce que le magistrat fera le 7 mai. Me Robert Israël, qui représente l'accusé, estime que les versions des plaignantes ne concordent pas avec les faits, et qu'il y a amplement de place pour le doute raisonnable. Selon une des fillettes, âgées entre 3 et 5 ans au moment des faits, l'accusé entrait son doigt dans son «trou de pipi» très fort, à «tous les jours», pendant des mois. Or, il n'y a aucun rapport médical à ce sujet, a-t-il dit.

Le ministère public soutient que la petite soeur de cette fillette aurait aussi été agressée, mais c'est sa mère qui a témoigné à sa place, car elle était trop gênée. «Il faut se méfier du ouï-dire», a dit l'avocat, qui a relevé des contradictions dans les témoignages.

Il pense également que ceux-ci ne coïncident pas avec les faits. Une fillette affirme avoir été agressée dans la voiture de l'accusé, un samedi, dans le stationnement d'un centre commercial. L'homme admet qu'il s'est trouvé seul dans sa voiture avec la petite ce fameux jour, mais soutient qu'il n'a rien fait de sexuel avec l'enfant. Ce qui est crédible, selon Me Israël, car c'est un centre commercial très achalandé.

La procureure de la Couronne Anne Gauvin est pour sa part d'avis que c'est l'accusé qui n'est pas crédible. Lorsqu'il a témoigné, il a minimisé son rôle et son implication à la garderie, a-t-elle fait ressortir. Ce n'est qu'en contre-interrogatoire qu'il a admis qu'il changeait des couches et lavait les enfants. La plupart des agressions alléguées survenaient pendant les siestes à la garderie. L'accusé a soutenu que c'est sa femme qui supervisait les siestes, et que lui ne le faisait qu'une ou deux fois par mois. La procureure a exclu la possibilité d'une vengeance de la part des mères, car celles-ci avaient une bonne relation avec la garderie, avant que tout n'éclate, en mars 2007.

Originaire d'Angleterre, l'accusé est arrivé au Québec en 2003 pour rencontrer une femme des Philippines, qui se trouvait à être la cousine d'une amie de coeur qu'il fréquentait en Angleterre. Il a épousé la femme de Montréal, a acheté un triplex et a ouvert une garderie pour elle, dit-il.

Comme il ne trouvait pas de travail comme ingénieur, parce qu'il ne parle pas français, il a commencé à travailler à la garderie, dit-il. L'endroit, qui accueillait neuf enfants, dont des bébés, a été fermé en mars 2007, dès qu'une plainte a été portée à la police.