La police de Montréal vient de démanteler un réseau international de fabrication de cartes bancaires falsifiées. Les présumés fraudeurs, qui étaient installés à Montréal, auraient perpétré plusieurs «commandos» dans des guichets automatiques de la métropole.

Au terme d'une enquête de deux ans, les policiers ont arrêté trois hommes soupçonnés d'avoir exploité le laboratoire clandestin. La présumée tête dirigeante du réseau, Pulendran Pirasannacumar, 31 ans, a été appréhendée jeudi dans l'arrondissement de Saint-Laurent.

Les enquêteurs ont également procédé à quatre perquisitions aux domiciles et dans les véhicules des suspects. Ils ont saisi du matériel informatique, 35 000$ en argent comptant et pas moins de 2500 cartes bancaires contrefaites ou sur le point de l'être.

«Le matériel saisi représente une fraude potentielle de 3 millions, a indiqué mardi Christian Émond, de la Division des crimes économiques et de propriété. C'est l'une des meilleures prises des deux dernières années.»

Stratagème complexe

Le stratagème des présumés fraudeurs était complexe. La police de Montréal croit qu'ils avaient des complices en Australie et au Royaume-Uni, puisque les institutions bancaires fraudées provenaient essentiellement de ces deux pays.

Dans un premier temps, des complices trafiquaient des terminaux de point de vente dans différents commerces d'Australie et du Royaume-Uni. Ils pouvaient ainsi copier les bandes magnétiques et le NIP des cartes bancaires des clients.

Selon la police, les trois suspects montréalais clonaient ensuite les informations sur des cartes vierges, ou encore sur des cartes-cadeaux de différents commerces.

Il ne restait plus qu'à retirer l'argent. Et pour ce faire, les présumés fraudeurs avaient mis sur pied un protocole bien organisé: ils plaçaient les cartes falsifiées dans des petits boîtiers métalliques fermés à l'aide d'un cadenas à numéros. Ils distribuaient ensuite ces boîtiers à des dizaines de complices.

Ces derniers se rendaient dans différents guichets de la métropole. À une heure prédéterminée, les dirigeants leur envoyaient les codes des cadenas, et simultanément, ils retiraient un maximum de billets avec une dizaine de cartes bancaires clonées.

Pourquoi fonctionner ainsi? Pour déjouer la police, selon Christian Émond. «Les banques font du monitoring, a-t-il expliqué. Elles nous appellent quand d'importantes sommes d'argent sont retirées. Les fraudeurs voulaient donc éviter de faire une banque à la fois.» À ce stade-ci de l'enquête, la police ignore combien d'argent les fraudeurs ont pu retirer depuis deux ans.

Les trois suspects font face à des accusations de fraude, de possession de matériel dans le but de fabriquer des faux, de possession d'informations personnelles et de possession de cartes de crédits falsifiées.