Un ancien responsable des enquêtes criminelles de la Sûreté du Québec a été condamné à deux ans de prison moins un jour pour entrave à la justice et abus de confiance.

Francis Morgan, âgé de 55 ans, comptait 32 ans de service lorsqu'il a été arrêté, après avoir sollicité un pot-de-vin de 2000 $. Ce montant était destiné à étouffer des accusations d'agression sexuelle sur un mineur portées contre un riche homme d'affaires de Sorel-Tracy.

L'histoire digne d'une saga hollywoodienne a mis plus de six ans à aboutir. Les premières accusations ont été déposées en 2004, par la suite, les procédures ont traîné.

Responsable des enquêtes, l'agent Morgan a délibérément choisi d'informer le pédophile allégué qu'une plainte avait été logée contre lui. Il lui avait également indiqué comment faire pour éviter d'être piégé par sa présumée victime.

Loin de se satisfaire de pouvoir se soustraire aux procédures qui pendaient contre lui, l'homme d'affaires s'est plutôt retourné contre le policier et a a pris le parti de dénoncer cet agent corrompu.

Le supposé pédophilie ainsi alerté, il n'était plus possible pour la Sûreté du Québec d'accumuler des preuves ou de prouver les allégations qui pesaient contre lui. Ses révélations laissaient toutefois entrevoir la possibilité de coincer le policier ripoux.

L'entrepreneur cossu a donc revêtu des micros cachés au moment de rencontrer le policier, à qui il devait remettre les 2000 $. Leur conversation a été captée et cette preuve a permis de démontrer le stratagème de l'agent. Francis Morgan, qui croyait prendre, a mordu à l'hameçon que lui ont tendu ses propres confrères.

En rendant la sentence au palais de justice de Sorel, le juge Marc Bisson de la Cour du Québec a soutenu vouloir donner une peine exemplaire.

Le juge a indiqué que Francis Morgan a démontré qu'il est possible d'acheter un policier et que cela a terni l'image du système de justice. Il a conclu en disant que l'incarcération est la seule peine qui convienne pour illustrer la réprobation sociale envers de tels comportements.

L'agent Morgan, reconnu coupable de trois chefs d'accusation d'entrave à la justice et d'abus de confiance en décembre dernier, reviendra en cours le 21 juin prochain pour faire face à d'autres accusations. On lui reproche d'avoir fait main basse sur de l'argent et des cartouches de cigarettes dans la voûte du poste de police, alors qu'il était toujours en charge des affaires criminelles.