Le mystère entourant la découverte du corps d'une femme de 27 ans, lundi, dans l'appartement montréalais d'un homme également retrouvé sans vie quelques heures plus tôt à Longueuil commence à se dissiper.

Sous le couvert de l'anonymat, la surintendante de l'immeuble où habitait l'homme de 54 ans, au centre-ville a accepté de raconter sa version de cette triste histoire, vraisemblablement celle d'un meurtre suivi d'un suicide. «Ils avaient une relation conflictuelle. Ils criaient, se disputaient sans arrêt et plusieurs locataires se plaignaient. Ce qui me choque le plus, c'est qu'il m'avait dit qu'il allait le faire (la tuer)», a dit la surintendante.

En attendant les résultats d'autopsie, le Service de police de la Ville de Montréal - qui a hérité de l'enquête- ne confirme toujours pas cette thèse et se montre peu loquace sur les liens entre les deux victimes.

Tout a débuté aux aurores lundi, par la découverte du corps du quinquagénaire, Ernest Jones, sur le terrain d'un immeuble de 30 étages en construction, près de la station de métro Longueuil.

La victime aurait fait une chute de l'immeuble et la police de Longueuil n'écartait pas le suicide.

Mais l'histoire a pris une tournure inattendue quelques heures plus tard, lorsque la police de Longueuil s'est présentée au logement de la victime,  rue Saint-Marc, dans un immeuble de 15 étages.

Une femme de 27 ans gisait sur le sol de l'appartement 209. Son corps était apparemment enroulé dans un drap, près d'une fenêtre ouverte. Les causes de son décès demeurent inconnues.

La surintendante de l'immeuble se dit toujours bouleversée par le drame, croit qu'elle aurait pu faire quelque chose.

Locataire depuis environ un an, le quinquagénaire passait beaucoup de temps dans le bureau de la surintendante, à qui il confiait ses malheurs. Il lui parlait de ses problèmes d'alcool, de sa mère malade, de ses deux enfants, mais aussi de ses déboires conjugaux avec la femme de 27 ans. «Il n'était pas méchant, mais il avait beaucoup de colère et de rage en lui. Il pleurait souvent à chaudes larmes dans mon bureau. Il disait ne pas mériter que je sois gentille avec lui», a expliqué la surintendante, qui s'en veut de ne pas avoir pris au sérieux sa menace de mort à l'endroit de sa conjointe il y a trois semaines. «Je ne le croyais pas. Je lui disais : tu es un homme gentil voyons.»

Vendredi matin, lorsque le locataire a quitté l'immeuble au matin, la surintendante, assise derrière son bureau, trouvait que quelque chose clochait en le voyant s'éloigner. «C'est la première fois qu'il sortait de l'immeuble sans me regarder», résume-t-elle.

Trois jours plus tard, les policiers de Longueuil trouvaient la conjointe du locataire dans son appartement. La surintendante et une voisine de pallier commençaient d'ailleurs à sentir de fortes odeurs s'échapper du logement 209. Jamais la surintendante n'aurait imaginé que son locataire passerait à l'acte. «Je lui ai suggéré souvent de demander de l'aide à des professionnels. C'est vraiment dommage de vivre dans une société où certaines personnes n'ont personne à qui se confier», a soupiré la surintendante.