Aussitôt sorti de prison, Moreno Gallo, déjà décrit par la police comme un «acteur-clé» de la mafia italo-montréalaise, pourrait être expulsé vers son pays d'origine, l'Italie.

L'homme de 64 ans a obtenu sa semi-liberté, hier, au terme de son audience devant la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC). Il sera donc transféré dans une maison de transition, à moins que l'Agence des services frontaliers du Canada ne l'arrête à sa sortie du pénitencier.

 

Moreno Gallo a appris la bonne nouvelle en même temps que la mauvaise, hier: l'Agence s'apprête à lancer un nouveau mandat d'arrêt contre lui en vue de l'expulser vers l'Italie. Un mandat d'expulsion avait déjà été lancé contre le criminel avant d'être annulé en juin dernier.

L'Agence n'était pas en mesure de confirmer «quel scénario sera privilégié dans ce dossier» en fin de journée hier, a indiqué son porte-parole, Dominique McNeely. Arrivé au Canada en il y a 56 ans, Gallo n'a jamais demandé la citoyenneté canadienne.

Condamné pour un meurtre commis en 1973, Gallo était en liberté depuis 24 ans quand il a été ramené derrière les barreaux pour «bris de conditions», au mois d'avril 2007, à la suite de l'opération antimafia Colisée.

Cette enquête policière a révélé qu'il était toujours un «acteur-clé» de la mafia italienne, bien que le principal intéressé le nie encore aujourd'hui, peut-on lire dans la décision de la CNLC. Les policiers l'ont vu à maintes reprises en compagnie des grands noms du clan Rizzuto, notamment à son quartier général, le café Consenza.

Or, Gallo n'a jamais été accusé au terme de cette opération policière. «En décembre 2009, la police nous a confirmé qu'elle n'avait pas reçu d'information vous reliant au crime organisé italien depuis longtemps», notent les commissaires.

Le risque de récidive est faible, selon les commissaires. Détenu dans un pénitencier à sécurité minimum à Laval, Gallo est décrit comme quelqu'un de «coopératif». Une fois libéré, il devra s'abstenir d'entrer en contact avec des membres du crime organisé ou toute autre personne ayant des antécédents judiciaires. Il ne pourra plus fréquenter les cafés «de style italien» non plus.

Le meurtre qu'il a commis en 1973 était un règlement de comptes lié à ses activités criminelles dans la mafia italienne, selon la police. Or, Gallo affirme encore aujourd'hui qu'il voulait seulement intimider sa victime, un jeune vendeur de drogue qui avait tenté d'en vendre à sa jeune soeur à l'école. Il se décrit comme un «homme de paix» connu dans la Petite Italie pour sa capacité de résoudre des conflits, et non comme un caïd.