Devant l'ampleur de la preuve, le cardiologue Guy Turcotte aura son procès pour le meurtre prémédité de ses deux enfants, Anne-Sophie, 3 ans, et Olivier, 5 ans. Il s'agit de l'accusation la plus grave du Code criminel. S'il est reconnu coupable, aucune libération conditionnelle ne sera possible avant 25 ans.

Après cinq jours d'enquête préliminaire frappée d'un interdit de publication au palais de justice de Saint-Jérôme, les avocats des deux parties ont annoncé jeudi midi au juge François Beaudoin qu'ils étaient prêts à aller en procès. «Compte tenu de la preuve faite, vous pourriez tirer des inférences dans le sens de la dénonciation (accusant Guy Turcotte du meurtre prémédité de ses enfants)», a expliqué au juge l'avocat de la défense, Pierre Poupart. Les parties ont rendez-vous le 9 avril prochain pour des rencontres préparatoires au procès.Au cours des témoignages d'une dizaine de proches, d'experts et d'anciens collègues de Guy Turcotte, la question en toile de fond consistait à évaluer le degré de préméditation des meurtres. Dans la matinée du 21 février 2009, les deux enfants ont été trouvés morts dans la maison de leur père, à Piedmont, dans les Laurentides. Un mois plus tôt, Guy Turcotte s'était séparé de la mère des enfants, qui travaillait comme lui à l'hôpital de Saint-Jérôme.

Les médias ont déjà révélé que le père avait tenté de se suicider en avalant plus de deux litres de liquide lave-glace. Jeudi matin, une toxicologue judiciaire, Anne-Marie Faucher, est venue témoigner du résultat des analyses sanguines réalisées sur Guy Turcotte le lendemain du drame ainsi que sur les deux enfants.

Comme d'habitude, l'accusé est resté impassible, regardant la plupart du temps au sol, pendant l'interrogatoire de la toxicologue. L'avocat de la défense, Me Poupart, a demandé qu'on enlève les menottes à son client afin qu'il puisse prendre des notes.

Le témoignage fort attendu du pathologiste qui a pratiqué les autopsies n'a jamais eu lieu. Les avocats ont plutôt accepté une déclaration écrite. Étonnamment, le mois dernier, la reprise de l'enquête préliminaire avait été fixée à jeudi matin en fonction de la disponibilité de ce pathologiste.

Comme ils l'avaient fait en rafale le mois dernier, les avocats ont également soumis en preuve deux autres témoignages écrits, ceux de Luc Tanguay et de l'infirmière Chantal Duhamel, qui était aux urgences lorsque Guy Turcotte y a été amené. Ni les médias ni le public n'ont eu accès à ces documents, placés sous scellés.