Daniel Lesiewicz procédait toujours de la même façon. Il repérait ses victimes sur un site internet de séduction et les incitait à offrir un spectacle érotique devant leur webcam, souvent sous la menace.

Lesiewicz, 29 ans, a reconnu ses gestes, hier, au palais de justice de Montréal. Le résidant de Dorval a plaidé coupable à 91 chefs d'accusation liés à de la pornographie et à de l'extorsion sur le web. Il aurait leurré au moins 25 adolescentes et jeunes femmes de partout au Québec entre 2006 et 2008.

S'il est admis que Daniel Lesiewicz est bien l'auteur de ces crimes, la Couronne et la défense ne s'entendent pas sur ses réelles motivations.

La procureure de la Couronne, Cynthia Gyenizse, estime que Daniel Lesiewicz est un cyberprédateur qui mérite une peine exemplaire. Elle a d'ailleurs demandé hier qu'il subisse des évaluations psychologiques afin de déterminer s'il souffre de déviances sexuelles.

La défense soutient pour sa part que Lesiewicz est un simple «profiteur» qui misait sur l'industrie pornographique pour se remplir les poches. Son avocat, Luc Vaillancourt, prétend que son client travaillait pour un site internet de Chicago et qu'il n'était pas seul dans le coup.

Aux yeux de Me Vaillancourt, le temps que l'accusé a passé en détention depuis son arrestation, en mars 2008, pourrait même suffire. Le juge Jean-Pierre Bonin a toutefois refusé hier de le mettre en liberté. Daniel Lesiewicz sera de retour devant le tribunal le 14 juin pour les plaidoiries sur la peine.

Modus operandi

La Couronne a détaillé hier le modus operandi de Lesiewicz. Il repérait ses victimes, dont certaines n'avaient que 14 ans, sur le site moncharme.com et, en général, se présentait sous une identité féminine.

Daniel Lesiewicz se faisait parfois passer pour une amie de la victime dont il imitait le profil. D'autres fois, il volait l'identité d'une jeune femme qu'il avait déjà leurrée. La plupart du temps, les victimes refusaient de donner un spectacle érotique. Daniel Lesiewicz passait alors à la deuxième étape : il les menaçait de fermer leur compte de messagerie, de «faire exploser» leur ordinateur ou encore de pirater les cartes de crédit de leurs parents.

Lorsque Lesiewicz obtenait une première vidéo, il s'arrangeait souvent pour en obtenir une seconde : il menaçait les jeunes femmes d'envoyer le premier enregistrement à leurs contacts ou encore de le publier sur un site internet qu'il administrait (yourpornflix.com).

La preuve démontre que, dans certains cas, Daniel Lesiewicz a mis ses menaces à exécution.

L'enquête avait été amorcée en 2007, après que six jeunes filles eurent porté plainte à la police. En mars 2008, la Sûreté du Québec a perquisitionné dans la chambre de l'accusé, chez ses parents, à Dorval.

Son disque dur comportait un fichier nommé «Victimes Info». Les policiers y ont trouvé des dossiers concernant plus de 200 adolescentes et jeunes femmes du Québec et d'ailleurs.