Les banques ont beau déployer des moyens ultra-raffinés pour contrer la fraude, il arrive qu'elles se fassent avoir par des trucs élémentaires. C'est ainsi qu'un homme de 46 ans, Richard Houle, a pu empocher 332 818,44$ d'un coup, en changeant un chèque qui ne lui appartenait pas.

Le chèque en question avait été émis par l'entreprise Iron Ore de Sept-Îles, au bénéfice de la société Michelin Nord Amérique. En ajoutant trois petites lettres au nom de la société, M. Houle a pu mettre la main sur le magot. «C'est simple», s'est étonné le juge Claude Leblond, il y a quelques jours, après qu'on lui eut expliqué le procédé de Houle. «Simple, mais efficace!» a renchéri le procureur de la Couronne Simon Lavoie.

M. Houle a été arrêté le 25 février dernier pour cette fraude commise exactement deux ans auparavant. Le 21 février 2008, l'homme s'est présenté sous une fausse identité à une succursale de la Banque Laurentienne et a ouvert un compte au nom d'une société appelée Michelin Nord Amérique NCA.

Houle avait les documents du registraire des entreprises prouvant que la société était bien enregistrée, et des papiers d'identité (faux bien sûr) prouvant qu'il s'appelait John Mitchell. La Banque lui a donc ouvert un compte.

Confirmation de l'Iron Ore

Le 26 février, le faux Mitchell est venu déposer le fameux chèque d'Iron Ore. L'employé de la banque l'a avisé que les fonds seraient gelés pour sept jours. Pas de problème, M. Mitchell est d'un naturel patient. Pendant ce délai, la Banque a appelé la compagnie Iron Ore pour vérifier si elle avait effectivement fait un chèque à Michelin Nord Amérique, ce qu'Iron Ore a confirmé.

Sept jours plus tard, les fonds ont été libérés et le faux Mitchell a encaissé la totalité des 332 818,44$ en faisant émettre plusieurs mandats à différents noms. Il a ensuite disparu dans la brume, tout comme l'argent, qui n'a jamais été retrouvé. Selon les brèves plaidoiries faites devant le juge Leblond, d'autres personnes seraient impliquées dans cette fraude, mais le procureur ne s'est pas étendu sur le sujet. Une chose semble sûre, c'est que le chèque a été volé avant qu'il n'atteigne son véritable destinataire.

En ce qui concerne Houle, il a des antécédents de fraude, pour lesquels il a écopé de neuf mois de prison en décembre 2008 et de neuf autres mois en avril 2009. Dans le cas qui nous occupe, il s'est empressé de plaider coupable alors que c'est l'enquête sur son cautionnement qui devait se tenir. Me Lavoie et Me Luc Vaillancourt, en défense, s'entendaient pour recommander une peine de deux ans.