En 12 jours, S.G. a avalé deux stylos. Et comme la femme de 23 ans, qui purge une peine à perpétuité pour meurtre, refusait obstinément qu'on lui retire le second de l'estomac, l'institut Philippe-Pinel s'est adressé à la Cour supérieure vendredi dernier pour obtenir l'autorisation de la soigner contre son gré.

Sans opération, S.G. risquait la rupture d'organes vitaux et la mort. Les médecins n'ont cependant pas pu attendre que le dossier chemine en cour. Gardée à jeun en raison du danger que représentait le stylo, elle s'est mise à vomir du sang le week-end dernier, si bien que les médecins l'ont opérée.

 

La femme, qui souffre d'un trouble de personnalité limite, est ambivalente. Parfois elle veut mourir, parfois elle veut vivre. Depuis le début de son incarcération à l'établissement pour femmes de Joliette, en 2006, il lui est arrivé notamment de se frapper violemment la tête contre les murs et de se griffer au sang.

Comportements autodestructeurs

Depuis 2007, en raison de ses comportements autodestructeurs, elle fait régulièrement des séjours à l'institut Philippe-Pinel. Le 19 février, elle a de nouveau cédé à ses pulsions et a avalé un stylo. Amenée à l'hôpital, elle a d'abord refusé qu'on lui retire l'objet. Après négociations, elle a consenti à l'intervention.

Mais le 3 mars, à 21h30, S.G. a de nouveau avalé un stylo. Et cette fois, elle a refusé obstinément qu'on le lui retire. Lundi, un juge de la Cour supérieure a été saisi de l'affaire, mais seulement pour autoriser l'institut Philippe-Pinel à garder madame pour une période maximale de six mois.

S.G. n'avait que 19 ans quand elle a tué une femme de 21 ans, qui se trouvait avec elle dans une maison pour femmes en difficulté, dans le Centre-Sud. Pour un différend, alors qu'elles marchaient dehors, elle a battu l'autre et l'a étouffée en lui enfonçant un gant dans la bouche. Elle a caché le corps au fond d'une ruelle mais s'est fait prendre rapidement. Elle a plaidé coupable à une accusation de meurtre non prémédité et a écopé d'une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans.