La veuve et le fils d'un joueur compulsif qui s'est pendu en sortant du Casino de Montréal, le 2 avril 2008, tiennent la Société des casinos responsable de cette mort tragique et réclament plus de 1 million de dollars en compensation.

Originaires de Gaspésie, Jules Grenier et sa femme, Dolores Castilloux, étaient venus s'installer à Montréal en 2000 pour profiter de leur retraite. M. Grenier s'est mis à jouer au Casino. En sept ans, il a perdu les économies qu'ils avaient mis une vie à amasser, soit 557 000$.

 

En 2007, le couple a fait faillite. Le 2 avril 2008, l'homme de 74 ans a placé une corde de nylon dans sa voiture et s'est rendu au Casino pour la dernière fois. Arrivé à 19h32, il est ressorti à 21h10. Selon la poursuite déposée au palais de justice de Montréal, un employé-cadre du Casino a prévenu la sécurité vers 21h15 ce soir-là après avoir aperçu sur le pont de la Concorde un homme qui tenait une corde. Mais les secours sont arrivés trop tard. M. Grenier s'était déjà pendu. Il avait perdu 6000$ au Casino dans la semaine précédant sa mort.

Responsabilité et séduction

Sa femme, qui jouait elle aussi au Casino, estime que la Société des casinos gère une activité dangereuse de manière inconsidérée et qu'elle est ainsi responsable de leurs malheurs. Par divers procédés de séduction, l'organisme encourage les gens à jouer encore plus, déplore-t-elle. Elle raconte qu'on leur a délivré à elle et à son mari des cartes privilège pour les inciter à penser qu'ils faisaient partie d'un club sélect. On leur faisait parvenir régulièrement des invitations pour jouer davantage, on leur offrait des repas gratuits à leur anniversaire ainsi que des séjours payés au Casino de Gatineau.

Par ailleurs, Mme Castilloux et son fils, Robert Grenier, estiment que les autorités du Casino ont fait preuve de laxisme, le soir fatidique. Inquiet en raison de l'attitude de son père, le fils avait rencontré deux policiers de Longueuil vers 19h30 ce soir-là. Un des policiers aurait appelé le responsable de la sécurité du Casino vers 20 h pour l'aviser de la situation et donner la description de Jules Grenier ainsi que le numéro de plaque de son véhicule. Le malheureux n'a cependant pas été intercepté. «Ils auraient pu placer un employé à la seule porte de sortie», pour empêcher M. Grenier de quitter le stationnement, signale-t-on notamment dans la poursuite, menée par l'avocat Robert E. Reynolds.

Outre le remboursement des sommes perdues, Mme Castilloux et son fils réclament respectivement 907 000$ et 90 000$.

Le pont de la Concorde est situé non loin du Casino de Montréal mais non sur son terrain. Selon Jean-Pierre Roy, porte-parole de la Société des casinos, un seul suicide s'est produit sur l'un de ses terrains. En 2001, un homme s'était suicidé par balle, dans le stationnement du Casino de Montréal. Le bureau du coroner a cependant recensé 175 suicides dont le jeu pathologique était considéré comme l'un des facteurs entre 2000 et 2005.