Les cinq motoneigistes qui ont perdu la vie en fin de semaine dernière viennent brusquement alourdir le bilan de la saison, qui est maintenant porté à 15 décès. Les associations de motoneigistes du Québec appellent à la vigilance des adeptes de ce sport.

«Le total de la saison n'était pas très élevé. Mais quand cinq victimes viennent s'ajouter en une fin de semaine, c'est éprouvant», affirme d'emblée Patrick Boucher, président de l'Association des motoneigistes du Québec (ADMDQ).

«La première fin de semaine de février est toujours celle où on constate le plus de décès. C'est normal, parce que février est le gros mois de la motoneige, il y a beaucoup plus de monde dans les sentiers», précise Louis Gariépy, responsable du dossier sécurité à la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ). Ce dernier ajoute que la pluie des dernières semaines a formé une couche de glace, et appelle les motoneigistes à redoubler de prudence.

Cinq des quinze décès de la saison sont quant à eux attribuables à la noyade, une situation que les deux regroupements de motoneigistes qualifient d'inhabituelle, puisqu'on rapporte une ou deux noyades par hiver. Parmi les dix autres décès cette saison, trois résultent d'une combinaison de vitesse excessive et de conduite avec des facultés affaiblies.

«Il y a un scénario qui se répète chaque année. Au début de la saison, les conducteurs sont sur leurs gardes. Quelques accidents se produisent hors sentiers, souvent sur les cours d'eau non gelés. Mais rendus en février, certains perdent leur inhibition et deviennent moins prudents», ajoute M. Boucher. Plus d'accidents se produisent alors sur les sentiers fédérés.

«On a réduit la proportion d'accidents hors-sentiers, ce qui montre que notre message demandant aux adeptes de rester sur les sentiers balisés est compris», ajoute Louis Gariépy.

Nouvelle loi réclamée

Afin de prévenir plus d'accidents, l'ADMDQ réclame davantage de réglementation provinciale. «On veut que toute personne faisant de la motoneige pour la première fois soit obligée de suivre une formation minimale», affirme Patrick Boucher. Celui-ci rappelle le cas de deux touristes françaises inexpérimentées ayant perdu la vie dans la région de Québec en 2009, après avoir perdu le contrôle de leur motoneige et percuté un arbre.

La FCMQ s'en remet plutôt au jugement des adeptes de motoneige. «Lors d'une toute première randonnée, les gens devraient toujours être accompagnés d'un motoneigiste d'expérience», mentionne M. Gariépy.

Le nombre de décès en motoneige a diminué ces cinq dernières années, passant de 42 en 2004-2005, à 21 l'an dernier. «Les adeptes sont plus prudents et mieux renseignés, précise M. Boucher. Et il y a plus de familles qui pratiquent le sport, ce qui donne des conducteurs plus vigilants. Mais il reste toujours un noyau de récalcitrants qui pensent que la motoneige signifie liberté totale.»

Rappelons que cinq personnes ont perdu la vie dans des accidents de motoneige en fin de semaine dernière, à Saint-Ambroise, Dolbeau-Mistassini, Saint-Wenceslas, Labelle et Saint-Polycarpe.

Selon la FCMQ, la principale cause de décès en motoneige est la perte de contrôle, souvent liées aux excès de vitesse. Viennent ensuite les noyades et l'hypothermie, et les collisions avec des arbres ou d'autres véhicules.

QUELQUES CHIFFRES

-Décès en motoneige cette année au Québec : 15

-Décès en motoneige l'an dernier : 21

-Décès en motoneige en 2004-2005 : 42

-13 % de la population québécoise de plus de 15 ans pratique la motoneige, soit plus de 800 000 personnes

-Plus de 30 000 touristes pratiquent la motoneige au Québec chaque année

-40 % des motoneigistes sont des femmes

-Âge moyen des propriétaires de motoneige : 41 ans

-Près de 170 000 motoneiges sont immatriculées au Québec, environ 50 000 de plus qu'en 1990.

Sources : Transport Québec, Fédération des clubs de motoneigistes du Québec, Association des motoneigistes du Québec