Nouveau coup de théâtre à l'enquête préliminaire de 22 des personnes accusées dans l'opération Axe: alors que le premier témoin allait être interrogé au palais de justice Gouin, le juge Jean-Paul Braun a annoncé qu'il se retirait pour «un motif systémique lié à Jean Winsing Barthelus», l'un des prévenus.

Le juge Braun n'a pas donné d'autres explications. Comme les débats sur son hypothétique retrait s'étaient déroulés la veille à huis clos, il est difficile de savoir ce qui l'a incité à prendre une décision aussi soudaine qu'inattendue. A-t-il déjà eu Barthelus comme client quand il était avocat de la défense? A-t-il eu affaire à lui quand il siégeait au tribunal de la jeunesse? A-t-il eu des divergences avec l'avocat de Barthelus (Me Louis Gélinas), au point où il est en conflit d'intérêts?

 

Une chose est sûre: les avocats au dossier, tant de la poursuite que de la défense, ont paru fort surpris quand le magistrat a quitté le tribunal inopinément en leur disant que le juge coordonnateur de la Cour du Québec, André Parent, verrait à lui trouver un remplaçant.

Par l'entremise de la greffière, les avocats ont demandé qu'il revienne répondre à certaines interrogations, mais il a refusé. Entamée le 11 janvier, l'enquête préliminaire devait durer au moins six semaines.

Réunis en après-midi à Montréal, les avocats ont appris que le juge Martin Vauclair avait accepté de remplacer son collègue au pied levé et que l'instruction de l'affaire allait reprendre dès aujourd'hui. L'enquête concerne 22 des 38 présumés trafiquants de drogue à la solde des Hells Angels arrêtés l'an dernier dans le cadre de l'opération Axe. Pour la plupart, les suspects étaient en lien avec le clan Lavertue, actif dans le Sud-Ouest de Montréal, ou encore avec les frères Emmanuel et Jean-Ismaël Zéphir, ex-membres de gang de rue agissant pour la «clique» des Syndicate.

Le juge Braun est le deuxième à se récuser dans cette cause. Pressenti pour présider l'enquête préliminaire, le juge Michel Bellehumeur avait accepté de se désister, à la demande des avocats de la défense. Ceux-ci craignaient que la décision qu'il pourrait rendre ne soit teintée par les sévères jugements rendus dans le même dossier, à l'occasion de deux enquêtes sur cautionnement qui se sont déroulées au printemps et à l'automne 2009. Les 13 prévenus en cause avaient été gardés sous les verrous.