Le clan Villanueva ne pourra pas étayer sa thèse du profilage racial à l'aide du carnet dans lequel l'agent Jean-Loup Lapointe consignait des renseignements sur une centaine de «sujets d'intérêt du secteur».

Le coroner André Perreault a refusé de rendre public tout le contenu du carnet d'une centaine de pages, hier, dans le cadre d'une audience extraordinaire sur la question au palais de justice de Montréal. Le coroner a indiqué que «bien peu de choses» y étaient pertinentes, «pas même sur la question de profilage racial évoquée». Le coroner a accepté que seulement trois pages et un extrait d'une quatrième page soient produits en preuve.

 

L'agente Stéphanie Pilotte, coéquipière de l'agent Lapointe, avait révélé plus tôt à l'enquête du coroner que son collègue avait mis ce carnet à jour le 9 août 2008, peu de temps avant l'intervention dans laquelle Fredy Villanueva a été tué.

La Ville de Montréal s'opposait au dépôt en preuve du carnet du policier à l'exception de deux pages concernant deux jeunes témoins du drame (non identifiés par la Ville). C'est donc dire que l'agent Lapointe connaissait au moins deux des personnes présentes ce soir-là dans le parc de Montréal-Nord. Et peut-être même une troisième personne si l'on se fie à la décision du coroner de dévoiler trois pages.

Le contenu du carnet n'a «pas l'ombre du commencement d'une pertinence» pour déterminer les causes et les circonstances de la mort de Fredy Villanueva, a soutenu l'avocat de la Ville, Me Pierre Yves Boisvert.

Les avocats du clan Villanueva étaient d'avis contraire. Selon eux, le véritable motif de l'intervention policière était le profilage racial, et non l'infraction au règlement municipal qui interdit les jeux de hasard dans un lieu public.

«Le carnet est l'un des moyens de la police pour faire ce que nous on appelle du profilage racial, mais il y en a d'autres», a réagi Me Alain Arsenault, avocat de Jeffrey Sagor Metellus (blessé par balle lors de la même intervention), à sa sortie de la salle d'audience. Reste qu'ils obtiennent deux pages de plus que ce que la Ville voulait divulguer au départ, a-t-il également nuancé.

Il faudra toutefois attendre le 2 février, date de la reprise des audiences, pour connaître le contenu de ces pages. Le débat pourrait se transporter devant la Cour supérieure si l'une des deux parties conteste la décision du coroner Perreault. L'agente Stéphanie Pilotte devrait conclure son témoignage à cette date. Ce sera ensuite au tour de l'agent Lapointe de donner sa version des faits.