Les cinq Canadiens - dont quatre Québécois - arrêtés à Puerto Vallarta la veille du jour de l'An font l'objet d'une enquête de l'unité spécialisée dans la lutte contre le crime organisé du Mexique, a confirmé à La Presse une source bien au fait du dossier.

Les autorités mexicaines auraient d'ailleurs informé le Canada de l'arrestation de ses cinq citoyens un peu moins de deux jours après les faits, et non quatre jours plus tard, selon cette même source. Or, les cinq détenus ont affirmé à leur famille qu'ils n'avaient eu leur premier contact avec l'ambassade canadienne que le 4 janvier.

 

Pourquoi le Mexique a-t-il tardé à avertir le Canada? Puis, qu'a fait le Canada entre le 2 et le 4 janvier? La période des Fêtes a-t-elle retardé la communication entre les deux pays? L'ambassade canadienne a rencontré les détenus pour la première fois le 3 janvier, a précisé hier à La Presse Natalie Sarafian, l'attachée de presse du ministre des Affaires étrangères du Canada, Lawrence Cannon.

Pour le reste, Mme Sarafian s'est contentée de répéter le message du ministre Cannon diffusé la veille. «Dans une note diplomatique envoyée au Mexique, M. Cannon a fait état de la préoccupation du gouvernement du Canada au sujet du retard de la notification consulaire et des allégations de mauvais traitements», a-t-elle insisté.

Les cinq Canadiens ont été arrêtés en même temps que sept Mexicains soupçonnés d'avoir des liens avec des narcotrafiquants du cartel de Sinaloa. Ils étaient alors dans un club chic de Puerto Vallarta, le Mandala, où une fusillade venait d'éclater. Durant l'incident, un policier a été blessé à la tête et au moins une arme à feu a été saisie. Le cartel de Sinaloa est considéré comme l'un des plus importants parmi ceux qui alimentent les États-Unis en cocaïne. Il serait dirigé par Joaquin Guzman, en fuite depuis son évasion d'une prison mexicaine en 2001.

Les Canadiens - trois de la grande région montréalaise, un de Québec et un de Vancouver - ont été appréhendés par la police locale, puis remis à des militaires. Ils allèguent avoir été torturés durant leur détention par l'armée avant que l'ambassade canadienne n'intervienne.

Depuis, ils ont été transférés dans un genre de maison de transition située près de Mexico City. Au Mexique, un juge peut ordonner la détention d'une personne sans qu'elle soit encore accusée pendant un maximum de 40 jours. La personne doit être relâchée si aucune accusation n'a été portée contre elle à la fin de cette période.

Pas d'accusation

Les familles des détenus, craignant pour leur sécurité, nous ont demandé de taire les noms de ces derniers en insistant sur le fait qu'aucune accusation n'a encore été portée. Éric Beaupré Varela, proche de l'un des Québécois incarcérés, est convaincu de l'innocence de son ex-beau-frère. Il le décrit comme un père de famille «ordinaire» qui n'a jamais manipulé une arme à feu de sa vie. Selon lui, il s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

Les autorités mexicaines ont décidé, hier, que toutes les demandes d'entrevue des médias canadiens sur cette délicate affaire seraient traitées par l'ambassade du Mexique à Ottawa. «Une enquête est en cours. Le ministère des Affaires étrangères du Mexique est en communication constante avec les autorités concernées pour assurer le suivi approprié à ce dossier», a indiqué son porte-parole, Alberto Lozano. La veille, le ministère des Affaires étrangères du Mexique avait répondu à La Presse - qui a révélé l'histoire en primeur - qu'il n'avait pas encore de position officielle à ce sujet.