Avant de battre à mort une jeune femme de 18 ans, en avril 2007, James Gould affirme n'avoir jamais réalisé que son problème de consommation était sérieux. Maintenant, il se dit prêt à faire ce qu'il faut pour le régler.

«Je mérite d'être puni et je regrette», a-t-il dit, hier, alors qu'on débattait de la peine à lui imposer. Mais c'est trop peu trop tard pour la Couronne, qui espère plutôt le faire déclarer délinquant dangereux. Au terme de son procès, en avril dernier, Gould, 26 ans, a été déclaré coupable par un jury de l'homicide involontaire de Karina Paola Esquivel-Moya.

 

Lors d'une soirée bien arrosée, Gould l'avait frappée à coups de poing et de pied parce qu'elle s'était interposée dans une querelle qu'il avait avec son amie de coeur. «Je ne vois aucune circonstance atténuante. C'est le pire crime commis par le pire des criminels», a plaidé le procureur Thierry Nadon, hier, devant la juge Sophie Bourque.

L'étiquette de délinquant dangereux entraîne une peine sans limite de temps, ce qui peut se traduire par la prison à vie. L'expert psychiatre retenu par le Couronne, le Dr Louis Bérard, recommande plutôt de le déclarer délinquant à contrôler pour 10 ans après sa sortie de prison. Si la juge choisit cette avenue, Me Nadon demande que Gould soit condamné à une peine de 20 ans de prison, au terme de laquelle il serait sous surveillance pendant 10 ans.

Trop sévère

La défense trouve la position de la Couronne carrément exagérée et propose plutôt une peine de 10 ans. Certes, le crime est violent et c'est un événement tragique, convient Me Ronnie McDonald. Mais Gould était gravement intoxiqué quand il a causé la mort de la jeune femme. La violence du crime est selon lui un incident isolé dans la vie de Gould. Il a des antécédents criminels, mais on n'y trouve pas une telle violence. La Couronne veut le punir encore plus sévèrement que s'il avait été reconnu coupable de meurtre prémédité, dit-il.

Nombreux problèmes

Le psychiatre Louis Bérard a expliqué que Gould a éprouvé des problèmes dès l'enfance, mais qu'il n'était pas violent. Jeune, il faisait des crises de panique et il a mouillé son lit jusqu'à l'adolescence. Il a été vu par des psychiatres. Il a commencé à consommer à l'âge de treize ans et demi et c'est là que ses problèmes avec la justice ont commencé. Il a été placé en centre jeunesse, il a été condamné pour voies de fait et vol à main armée. Plus tard, il a été condamné pour trafic de drogue. Depuis son incarcération, il s'est fait prendre avec un couteau artisanal et il s'est battu avec d'autres détenus.

Hier, Me Nadon a aussi fait valoir que l'accusé avait ri à la face de la famille de la victime pendant le procès. Gould a nié, mais la soeur de la victime assure que c'est vrai. Elle admet cependant que, pendant tout le procès, elle s'était placée de façon à voir Gould, qu'elle ne quittait pas des yeux. Elle admet aussi avoir ri de lui. «Je trouve que c'est un lâche. J'ai beaucoup de rage», a-t-elle dit. C'est en pleurant abondamment qu'elle a lu une lettre dans laquelle elle exprime sa douleur d'avoir perdu sa soeur de façon si brutale et cruelle. La juge Bourque rendra sa décision plus tard.